Un deuxième demandeur s’ajoute au recours collectif
Un deuxième demandeur, qui soutient avoir été agressé sexuellement par une religieuse des Soeurs de la Charité à l’orphelinat du Mont d’youville, à Beauport, vient de s’ajouter à la demande en autorisation pour exercer un recours collectif contre la congrégation religieuse, ce qui pourrait inciter d’autres anciens pensionnaires à dénoncer.
Malgré l’opposition des défendeurs, le juge Étienne Parent a autorisé cette modification que souhaitait obtenir le premier demandeur, Jean Simard, qui allègue avoir été le souffre-douleur pendant deux ans, dans les années 70, d’un éducateur laïque qui travaillait à l’orphelinat.
MASTURBATION
Le nouveau codemandeur, Denis Leclerc, 56 ans, a vécu au Mont d’youville de 1971 à 1973, à l’âge de 9, 10 et 11 ans. Il soutient avoir été forcé à une occasion par une religieuse, qui y a été administratrice, à la masturber.
Après avoir amené le garçon dans une chambrette et lui avoir offert des bonbons, la soeur aurait « pris la main de Leclerc pour la frotter sur sa vulve et la masturber », liton dans la demande. La religieuse aurait ensuite exigé que le garçon insère un, deux, « puis trois doigts dans son vagin ».
Pour la partie demanderesse, son ajout comme représentant du groupe était nécessaire puisque contrairement à M. Simard, M. Leclerc a été victime de religieuses, dont d’une agression à caractère sexuel.
Son ajout pourrait inciter d’autres victimes à dénoncer. Le cabinet Quessy Henry St-hilaire a été contacté par « des centaines » d’anciens pensionnaires depuis la médiatisation de l’affaire cet automne, dont la majorité raconte avoir été victime de sévices psychologiques, physiques et sexuels de la part de religieuses. Des dizaines de cas concerneraient des abus sexuels venant de ces dernières.
Leclerc aurait aussi été victime de nombreux sévices physiques et psychologiques de la part d’éducateurs laïques et de religieuses. Un éducateur qui lui aurait tiré les oreilles « avec force » à plusieurs reprises lui aurait aussi causé une fracture du tibia en le poussant en bas d’une pente, notamment.
SÉQUELLES DURABLES
Tout comme le demandeur Jean Simard, M. Leclerc réclame 2 M$ pour les préjudices subis. L’individu criminalisé estime vivre avec des séquelles « importantes et durables ». Depuis ses 18 ans, il a vécu seulement 27 mois en liberté, passant le reste du temps en prison. Il a fait plusieurs tentatives de suicide et est dépendant aux drogues.
La demande pour exercer un recours collectif contre les Soeurs de la Charité et le CIUSSS de la Capitale-nationale – qui aurait acquis les droits et obligations du Mont d’youville lors de la fusion en 1996 – soutient qu’un grand nombre de religieuses et de préposés laïques auraient infligé des sévices psychologiques, physiques et sexuels à des centaines, voire des milliers d’enfants qui y ont été placés, de 1925 à 1996.
L’audition de la demande d’autorisation pourrait avoir lieu au cours des prochains mois.