Le Journal de Quebec

Les Innus bloquent l’accès au chantier de la rivière Romaine

Près de 750 travailleu­rs seraient coincés sur le chantier

- MATHIEU MORASSE

HAVRE-SAINT-PIERRE | Un groupe de 35 à 40 Innus de Nutashkuan bloque le chemin d’accès du chantier de la rivière Romaine pour réclamer 75 M$ à Hydro-québec. Près de 750 travailleu­rs seraient coincés sur le chantier.

La communauté autochtone de Nutashkuan est située près de Natashquan, sur la Côte-nord, à quelque 1000 km au nord-est de Québec. Depuis 2009, Hydro-québec construit un complexe hydroélect­rique de 1550 MW sur la rivière Romaine, au coût de 6,5 milliards de dollars. Les quatre centrales et leurs réservoirs sont situés au nord de Havre-saint-pierre, sur le territoire ancestral de Nutashkuan.

Les Innus ont bloqué l’entrée du chemin d’accès au chantier vers 10 h, après l’échec des négociatio­ns avec Hydro-québec. Seuls les services d’urgence peuvent passer.

Un campement y était érigé depuis le 20 novembre pour protester contre l’interrogat­oire d’un de leurs membres par des agents de la faune au chantier de Romaine-4.

Serge Abergel, chef des médias chez Hydro-québec, souhaite « la levée immédiate du blocus et un retour à des échanges constructi­fs ». Il voudrait minimaleme­nt que les travailleu­rs aient la possibilit­é de quitter le chantier.

Les autochtone­s accusent la société d’état de ne pas respecter une entente de déboisemen­t conclue en 2008. Ils exigent de pouvoir déboiser la totalité du territoire, lequel sera inondé par le réservoir de la centrale Romaine-4.

Daniel Malec, directeur général du conseil de bande de Nutashkuan, évalue ces contrats à 150 M$. Le conseil de bande demande la moitié de cette somme en dédommagem­ent pour compenser les pertes d’emplois et d’opportunit­és d’affaires.

« Ils nous rient dans la face. Ils ne respectent pas les ententes. C’est fini pour nous autres de se faire manger la laine sur le dos », tempête-t-il.

BLOCUS À RÉPÉTITION

Selon Hydro-québec, un premier blocus avait déjà eu lieu en 2015 à propos du déboisemen­t. Une somme de 6 000 000 $ avait été versée aux Innus pour compenser leur perte de profit.

« Il est très difficile pour Hydro-québec de tolérer d’être à répétition la cible de blocus qui visent à renégocier des enjeux pour lesquels on a déjà conclu des ententes dans le passé », déplore Serge Abergel.

Les travaux continuaie­nt sans trop de perturbati­on au chantier, hier. Hydro-québec envisage toutefois de demander une injonction ou d’évacuer le chantier dans les prochains jours si aucun règlement n’intervient.

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