Les vrais héros
Mardi soir, dans la salle d’attente de l’urgence de l’hôpital de Saint-jérôme, le Canadien essayait de gagner contre la Caroline sur l’écran de télé offert aux bénéficiaires.
Nos héros ont bien travaillé, mais ils ont perdu. On en discute depuis 24 heures et c’est bien. Sont payés pour distraire les gens.
Derrière les portes, dans la salle de triage et les corridors de l’urgence, c’était Beyrouth ou le Vietnam. Des malades partout, les corridors pleins de malades geignant sur leur grabat, un personnel d’infirmiers, d’infirmières et de préposés déjà surchargés qui devaient accueillir les malades qu’apportaient des ambulanciers pressés, des cris, des grognements, des odeurs, des ordres grossiers, des peurs incontrôlables, je regardais, j’entendais et je me disais que les héros étaient derrière ces portes, pas sur l’écran du téléviseur.
Et y a personne là-dedans qui gagne un million. Et certains se font mordre, se font régulièrement agresser par des clients enragés ou dopés, d’autres attrapent toutes les grippes et les rhumes qu’on concentre dans ces locaux encombrés.
Hier, c’est dans un corridor de l’urgence qu’une jeune gynécologue et une encore plus jeune chirurgienne ont procédé aux examens d’une patiente en attente d’une opération… qui y avait déjà passé la nuit.
Le Canadien a perdu 2 à 1. Les p’tits gars ont pas été chanceux, y ont pas été capables de scorer.
C’est bien pour dire.