Des prêtres qui n’ont pas 30 ans
Ils entament une tournée provinciale dimanche, au Centre Vidéotron
Ils sont les meilleurs vendeurs d’albums au Québec, ont remporté un Félix et fouleront le Centre Vidéotron dimanche pour la seconde fois. Non, il ne s’agit pas de rock stars, mais bien des huit prêtres de Québec, dont la carrière a pris un détour inattendu grâce à Mario Pelchat.
Le Journal est allé à la rencontre des prêtres vedettes mercredi, à Longueuil, alors qu’ils répétaient en vue d’une tournée de neuf dates à travers le Québec. Parmi eux, trois jeunes immigrés dont certains n’ont même pas encore trente ans.
Le polonais Tomasz Manczak, un séminariste de 27 ans, ainsi que les prêtres nouvellement ordonnés Alex Cordoni, 29 ans, et Matteo Marinucci, 32 ans, tous deux Italiens, sont débarqués à Québec il y a plusieurs années déjà, dans le but d’y avoir une paroisse. Ils sont particulièrement heureux de faire partie du projet.
Matteo Marinucci raconte avec grande fierté avoir sorti le Félix qu’ils ont remporté en octobre en pleine messe, dimanche dernier, pour le montrer à ses paroissiens.
« Arthur L’aventurier a aussi gagné un Félix en même temps que nous, et il a dit qu’il attendait ça depuis 18 ans. Nous, on débarque après quelques mois seulement. C’est là qu’on réalise ce qui nous arrive », soutient-il.
Alex Cordoni, un des plus jeunes prêtres du Québec, considère que le projet « redore l’image des prêtres, avec tout ce qu’on entend comme scandales et préjugés, dit-il. Il y en a qui pensent que les prêtres sont à genoux dans la sacristie et qu’ils ne sortent jamais. Nous, on se mêle au monde qui ne côtoie pas l’église nécessairement. »
ENCORE DES VENTES PHÉNOMÉNALES
Le succès des prêtres est impressionnant. Ils ont vendu 110 000 exemplaires de leurs deux premiers albums, remportant sans surprise le Félix de la catégorie « meilleur vendeur », au dernier gala de L’ADISQ.
Le phénomène se poursuit avec le troisième opus, « Quand les hommes vivront d’amour », lancé début novembre. « On vend entre 2000 et 3000 albums par semaine depuis la sortie », confirme Mario Pelchat.
« Je ne suis pas certain qu’on prend encore la pleine mesure de ce qu’on vit », lance monseigneur Louis Corriveau.
LA DÉCOUVERTE D’UNE INDUSTRIE
Les prêtres se familiarisent depuis deux ans avec l’industrie musicale, « un autre monde » constate Jean Tailleur, chancelier du diocèse de Québec.
« Nous, on n’avait aucune idée de la façon dont ça marchait, mais on a aussi travaillé avec des artistes qui n’avaient aucune idée de ce qu’étaient des prêtres. Personne n’a sacré de la tournée (l’an passé), ce qui a dû demander beaucoup d’efforts », lance en riant le doyen du groupe, Alain Pouliot, qui a une formation en théâtre.
« On a aussi découvert comment les artistes vivotent dans l’industrie pour survivre, nourrir leur famille. À les côtoyer, on est devenus solidaires par rapport à leur réalité », ajoute Jean Tailleur.
À DES OEUVRES CARITATIVES
Au départ, le premier album des prêtres avec Mario Pelchat, Agnus Dei, servait à amasser des fonds pour sauver un orgue Casavant, celui de l’église Saint-françois-d’assise, à Limoilou, de la démolition.
Les redevances servent toujours pour le déménagement vers la cathédrale de Baie-comeau, là où l’instrument sera préservé. La restauration est complétée à moitié.
Pour les redevances du plus récent album, chacun des prêtres a choisi une oeuvre caritative qui recevra l’argent amassé. Le choix des oeuvres devrait être annoncé plus tard, mais l’abbé Julien Guillot, responsable du groupe des prêtres, affirme que l’argent ira, entre autres, à des organismes pour soutenir l’accueil d’immigrants syriens ou pour venir en aide à des gens qui ont des dépendances.