Stevenson plus affamé que jamais
Il défendra son titre demain à Québec
Egis Klimas a tenté bien maladroitement d’animer une conférence de presse bien tranquille hier à Québec. Il a mis sur le dos d’adonis Stevenson le fait que les journalistes n’étaient pas très nombreux à lécher les bottines des promoteurs.
Pas besoin de beurrer épais, on le sait au Québec qu’adonis a réussi sa carrière, mais qu’il a raté son « championnat ». C’est justement pourquoi ses galas sont si difficiles à faire lever.
C’est encore le cas dans la Vieille Capitale, malgré toute l’expertise d’yvon Michel, le roi des vendeurs, et de Martin Tremblay de Gestev, le roi des paroles bien choisies. Yvon Michel fait son travail de promoteur et Martin Tremblay vante le Centre Vidéotron et orchestre une partie de la mise en marché.
Mais le produit s’appelle Adonis Stevenson. Et c’est un produit difficile à vendre.
CHAMPION À 36 ANS
Adonis Stevenson aura réussi une belle carrière dans le ring. Il est devenu champion à 36 ans, l’âge où les boxeurs commencent à ralentir et à décliner.
Son association avec Al Haymon en a fait un homme très riche. Tant mieux, c’est lui qui monte dans un ring et qui se fait tapocher dessus.
Mais en amassant cette fortune, Stevenson a sacrifié un beau règne de champion. J’entends par là que Stevenson s’est contenté de se battre une ou deux fois par année sans jamais faire vivre son « championnat » aux fans de boxe.
D’abord, en refusant d’affronter des boxeurs que les gens voulaient voir dans le ring contre lui. On peut avancer les noms de Jean Pascal et d’eleider Alvarez sans se tromper. Stevenson n’a jamais voulu donner une chance à Pascal de gagner un million contre lui parce qu’il le trouvait arrogant et suffisant.
Quant à Alvarez, c’est un cas d’une complexité inouïe. Qui, à part Alvarez et Marc Ramsay, voulait vraiment ce combat ? Stevenson avait-il peur d’alvarez ? Al Haymon voulait-il une meilleure offre de la télévision ? Yvon Michel tentait-il de protéger ses actifs ?
MAUVAISE IMAGE
Pourtant, le règne de Stevenson avait bien commencé. Quand il a étendu Chad Dawson après 76 secondes pour devenir champion WBC, le Centre Bell est entré en éruption.
Stevenson était ouvert avec les gens et était affable avec les jeunes. J’ai été témoin à plusieurs reprises de cette gentillesse.
C’est un article dans un quotidien qui a tout fait dérailler. Je ne porte pas de jugement sur le texte, mais j’ai vécu de près le désarroi et l’incompréhension de Stevenson. L’idée qu’on était allé voir sa mère pour obtenir des informations sur son fils le figeait sur place.
Il ne s’en est jamais remis. À partir de ce matin-là, à trois ou quatre jours de son combat contre Tony Bellew, Stevenson a coupé les liens avec le monde extérieur. Il n’a plus jamais fait confiance aux médias et, à part une ou deux journalistes, il ne s’est plus ouvert au public. Il a vécu son règne de champion avec ses amis gardes du corps et quelques fans d’une loyauté indéfectible.
Malheureusement, les Québécois n’ont pas eu la chance de connaître un homme intelligent, posé, capable de générosité et père de cinq enfants dont il s’occupe très bien.
Il porte le poids de ce passé qu’on a fait ressurgir et, dans son cas, il semble que la notion de réhabilitation ne s’applique pas. Je trouve que c’est dommage dans une société qui fait tout pour favoriser la réinsertion sociale.
N’empêche que le constat est brutal : Adonis a réussi une belle carrière. Il a raté son règne de champion.