Le Journal de Quebec

Un homme âgé meurt de froid devant sa résidence

La porte devait pourtant l’empêcher de sortir

- STÉPHANIE GENDRON

LA POCATIÈRE | Un homme âgé atteint d’alzheimer qui habitait dans une résidence munie de portes qui devaient l’empêcher de sortir est mort de froid, car une de celles-ci était probableme­nt défectueus­e. Personne n’a été blâmé.

Georges Dionne, 85 ans, souffrait d’alzheimer depuis 10 ans lorsqu’il est mort de froid en mars dernier. Il habitait la résidence Domaine de la Rose des Bois à La Pocatière, dans le Bas-saint-laurent. Celle-ci était pourtant munie de portes qui devaient être barrées en tout temps de l’intérieur afin d’éviter que les résidents en perte d’autonomie puissent sortir.

Or, une d’elles était probableme­nt défectueus­e, selon la coroner Renée Roussel, qui a rendu public son rapport récemment.

M. Dionne est sorti en pyjama et en chaussette­s alors qu’il faisait -1 degré.

Il a été vu par une préposée de la résidence vers 6 h 15 dans son lit. Vers 7 h, il était introuvabl­e. Il a été trouvé dehors, couché sur le côté, à 7 h 45.

À l’hôpital, le personnel a vu dans son dossier un certificat de non-réanimatio­n en cas d’arrêt cardioresp­iratoire, donc les soins ont cessé.

Malgré les lacunes, personne n’a été blâmé. La résidence a même vu son permis être renouvelé en juin. La résidence a cependant fermé ses portes en octobre pour une raison indétermin­ée.

PORTE MAL FERMÉE

L’homme de 85 ans avait déjà fugué en 2017 lors d’un épisode d’errance.

Georges Dionne aurait dû être en sécurité à l’intérieur de la résidence, qui avait des portes d’entrée sécurisées avec des codes sur un clavier numérique de l’intérieur et de l’extérieur.

Une autre des hypothèses de la coroner Roussel est qu’un résident qui aimait pelleter la neige aurait gardé une porte entrouvert­e à l’aide d’un morceau de bois, mais l’homme a nié catégoriqu­ement à la police qu’il avait installé la pièce de bois ce matin-là.

Le scénario le plus probable, selon la coroner Renée Roussel, est que l’octogénair­e serait sorti par une porte qui ne fermait pas bien.

« Il s’est avéré à deux reprises depuis l’accident du 14 mars que le personnel constate que cette porte d’entrée ne se fermait pas bien et que l’électro-aimant était en cause », a indiqué la coroner.

TOUJOURS TRISTE

La conjointe de feu M. Dionne, Juliette Savard, s’est dite toujours triste à la suite de l’événement, mais ajoute ne pas avoir le choix de tourner la page.

Une ex-employée, Brigitte Landry, était proche de M. Dionne. « Ç’a été un choc assez intense [lors qu’elle a appris son décès]. Il y en a toujours un [résident] à qui on s’attache le plus », a confié Mme Landry. Elle dit avoir elle-même constaté le défaut de la porte, après l’accident.

Nous n’avons pas pu joindre l’exploitant­e. Les 25 résidents qui y logeaient ont tous été relocalisé­s.

Une plainte, dont la teneur n’a pas été mentionnée par le CISSS du Bas-saint-Laurent, avait été déposée envers la résidence cet été à la Commissair­e aux plaintes. Celle-ci n’a cependant pas fait de recommanda­tions.

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PHOTOS COURTOISIE La résidence qui s’appelait récemment Domaine 2.0 à La Pocatière n’est plus en activité depuis le 31 octobre dernier. En mortaise, Georges Dionne.

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