La rebelle franco-ontarienne claque la porte
La jeune élue de l’ontario a refusé d’endosser les choix de son propre gouvernement conservateur
TORONTO | Après deux semaines de soulèvement, la jeune députée Amanda Simard a décidé hier dans un geste rare de claquer la porte du Parti conservateur plutôt que de devoir appuyer des mesures contre une francophonie qu’elle défend depuis qu’elle a 8 ans.
L’unique Franco-ontarienne du gouvernement Ford a fini par le quitter en envoyant une lettre au président l’assemblée hier matin. Elle est ainsi devenue députée indépendante deux semaines après l’annonce d’importantes compressions en francophonie.
Elle dit avoir tout tenté pour faire infirmer ces décisions, en parlant directement avec le premier ministre et ses collègues. Sans succès.
« FORD NE COMPREND PAS »
Amanda Simard a refusé les demandes d’entrevue, hier, s’accordant du repos après les moments difficiles des derniers jours. Mais elle n’a pas fini de se battre. À 28 ans, elle est devenue le porte-étendard de la cause.
« Doug Ford ne comprend pas les FrancoOntariens ni l’impact que ces décisions vont avoir. Et pour plusieurs conservateurs, les francophones sont comme n’importe quelle minorité ethnique en Ontario », a-t-elle affirmé en entrevue au Journal, plus tôt cette semaine. Déjà, la pression était forte pour qu’elle rentre dans le rang.
Il faut dire qu’il est rarissime qu’une députée se lève pour dénoncer une décision de son propre parti, comme Mme Simard l’a fait. Sa démission a eu l’effet d’un coup de tonnerre dans la politique ontarienne. Même Doug Ford paraissait sous le choc.
« C’est le choix d’amanda », a-til déclaré.
Les appuis envers la députée sont venus de toute part hier, plusieurs notant son courage et son geste honorable.
SOUVENIRS DE MONTFORT
« Nous nous souvenons très bien de Montfort [le seul hôpital universitaire francophone en Ontario, dont la survie a été gagnée de chaude lutte par les Franco-ontariens dans les années 1990]. Vingt ans passés, nous luttions pour cette institution essentielle. J’avais 8 ans et j’étais au rally, avec mon t-shirt SOS Montfort. Vingt ans plus tard, nous nous battons encore pour conserver nos acquis », a-telle rappelé, la voix brisée par l’émotion.
Amanda Simard était la femme députée la plus jeune du Parti progressiste-conservateur. Elle a été la première conservatrice à être élue en près de 40 ans dans Glengarry-prescott-russell, l’une des deux circonscriptions à majorité francophone en Ontario.
ABSENTE HIER
Elle n’était pas à l’assemblée législative hier, ayant immédiatement pris le chemin de sa circonscription. Elle a toutefois promis qu’elle serait des manifestations de samedi, qui auront lieu partout en Ontario, pour dénoncer les compressions.
« Vous pouvez dire à vos lecteurs de ne pas venir manifester devant mon bureau. Je serai avec eux, avec les Franco-ontariens, à la manifestation d’ottawa », a-telle confié plus tôt cette semaine.