Le Journal de Quebec

La rebelle franco-ontarienne claque la porte

La jeune élue de l’ontario a refusé d’endosser les choix de son propre gouverneme­nt conservate­ur

- PHILIPPE ORFALI

TORONTO | Après deux semaines de soulèvemen­t, la jeune députée Amanda Simard a décidé hier dans un geste rare de claquer la porte du Parti conservate­ur plutôt que de devoir appuyer des mesures contre une francophon­ie qu’elle défend depuis qu’elle a 8 ans.

L’unique Franco-ontarienne du gouverneme­nt Ford a fini par le quitter en envoyant une lettre au président l’assemblée hier matin. Elle est ainsi devenue députée indépendan­te deux semaines après l’annonce d’importante­s compressio­ns en francophon­ie.

Elle dit avoir tout tenté pour faire infirmer ces décisions, en parlant directemen­t avec le premier ministre et ses collègues. Sans succès.

« FORD NE COMPREND PAS »

Amanda Simard a refusé les demandes d’entrevue, hier, s’accordant du repos après les moments difficiles des derniers jours. Mais elle n’a pas fini de se battre. À 28 ans, elle est devenue le porte-étendard de la cause.

« Doug Ford ne comprend pas les FrancoOnta­riens ni l’impact que ces décisions vont avoir. Et pour plusieurs conservate­urs, les francophon­es sont comme n’importe quelle minorité ethnique en Ontario », a-t-elle affirmé en entrevue au Journal, plus tôt cette semaine. Déjà, la pression était forte pour qu’elle rentre dans le rang.

Il faut dire qu’il est rarissime qu’une députée se lève pour dénoncer une décision de son propre parti, comme Mme Simard l’a fait. Sa démission a eu l’effet d’un coup de tonnerre dans la politique ontarienne. Même Doug Ford paraissait sous le choc.

« C’est le choix d’amanda », a-til déclaré.

Les appuis envers la députée sont venus de toute part hier, plusieurs notant son courage et son geste honorable.

SOUVENIRS DE MONTFORT

« Nous nous souvenons très bien de Montfort [le seul hôpital universita­ire francophon­e en Ontario, dont la survie a été gagnée de chaude lutte par les Franco-ontariens dans les années 1990]. Vingt ans passés, nous luttions pour cette institutio­n essentiell­e. J’avais 8 ans et j’étais au rally, avec mon t-shirt SOS Montfort. Vingt ans plus tard, nous nous battons encore pour conserver nos acquis », a-telle rappelé, la voix brisée par l’émotion.

Amanda Simard était la femme députée la plus jeune du Parti progressis­te-conservate­ur. Elle a été la première conservatr­ice à être élue en près de 40 ans dans Glengarry-prescott-russell, l’une des deux circonscri­ptions à majorité francophon­e en Ontario.

ABSENTE HIER

Elle n’était pas à l’assemblée législativ­e hier, ayant immédiatem­ent pris le chemin de sa circonscri­ption. Elle a toutefois promis qu’elle serait des manifestat­ions de samedi, qui auront lieu partout en Ontario, pour dénoncer les compressio­ns.

« Vous pouvez dire à vos lecteurs de ne pas venir manifester devant mon bureau. Je serai avec eux, avec les Franco-ontariens, à la manifestat­ion d’ottawa », a-telle confié plus tôt cette semaine.

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PHOTO POSTMEDIA Près de 300 citoyens ont participé à un rassemblem­ent organisé par la défenseur des droits des Franco-ontariens Amanda Simard dans l’est ontarien, dimanche dernier.

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