Le Journal de Quebec

Hausse de crimes haineux au Canada

50 % plus de dénonciati­ons contre des délits envers des musulmans notamment

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Le nombre de crimes haineux rapportés aux policiers québécois a explosé de 50 % l’an dernier, particuliè­rement contre les musulmans après l’attentat à la grande mosquée de Québec.

C’est ce que révèlent de nouvelles données publiées par Statistiqu­e Canada hier.

Il y a eu 489 crimes haineux déclarés par les différents corps policiers québécois en 2017, contre 327 l’année précédente.

Selon l’agence fédérale, le nombre de crimes contre les musulmans a presque triplé en un an, passant de 41 en 2016 à 117 en 2017. Ceux contre les Noirs, les Arabes et les juifs ont aussi augmenté.

« En février [2017], le mois suivant la fusillade au Centre culturel islamique de Québec, le nombre déclaré de crimes haineux contre les musulmans a atteint un sommet, représenta­nt 26 % des affaires ciblant les musulmans déclarées pour l’année au Québec », constate Statistiqu­e Canada.

MONTRÉAL AU SOMMET

Au cours des derniers mois, des croix gammées ont été notamment dessinées sur des voitures à Montréal.

C’est d’ailleurs le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui trône pour une première fois en 10 ans au sommet du palmarès des crimes haineux rappor- tés (256), devant les services de Toronto (221), de Peel (158) et de York (138), en Ontario.

Une donnée qui n’étonne aucunement Herman Deparice-okomba, directeur du Centre de prévention de la radicalisa­tion menant à la violence.

« Les policiers sont de plus en plus sensibilis­és et formés pour détecter les crimes haineux. Le SPVM a créé une unité consacrée à ce type de crime par exemple, et ça envoie le message qu’on prend ce phénomène au sérieux. »

PARTOUT AU CANADA

Le phénomène ne se limite malheureus­ement pas juste au Québec. Dans l’ensemble du pays, il y a eu plus de 2000 crimes haineux l’an dernier, contre 1409 en 2016 et 1362 en 2015. La moitié ont eu lieu en Ontario.

« Une augmentati­on des chiffres peut s’expliquer par une hausse du nombre de signalemen­ts par le public (par exemple, en raison d’efforts de sensibilis­ation communauta­ire de la part de la police ou d’une prise de conscience accrue après des événements très médiatisés) ou elle peut découler d’une croissance réelle de l’étendue des crimes haineux commis », peut-on lire dans le rapport.

Mais l’ampleur du problème est toujours loin d’être connue, nuance M. Deparice-okomba, qui juge qu’il y a entre 60 et 90 % des gens qui ne rapportent toujours pas les crimes haineux.

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