Le Journal de Quebec

Le doyen accroche son sifflet

L’arbitre Éric Charron prend sa retraite après 31 ans à sillonner les patinoires

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Son nom est connu à travers les quatre coins de la LHJMQ. Pour le meilleur et pour le pire. Après avoir porté son chandail rayé dans plus de 1400 matchs au cours des 31 dernières années, Éric Charron s’apprête à ranger son sifflet bien loin dans sa poche à la fin de la saison, le coeur léger et la tête remplie de souvenirs.

Peu importe le sport, le métier d’arbitre n’est jamais facile. Ça n’a pas empêché Éric Charron de trouver la recette pour transcende­r trois décennies sur la patinoire dans une ligue qui s’est constammen­t renouvelée en suivant l’exemple de sa grande soeur qu’est la Ligue nationale de hockey. À 50 ans (il aura 51 en décembre), le Gatinois jugeait qu’il était temps de tourner la page sur cet important chapitre de sa vie.

« Ça faisait une couple d’années que j’y pensais. Je pourrais continuer, mais à un moment donné, il faut que ça finisse. J’ai profité de plusieurs moments. Avec tout ce que j’ai fait et à l’âge que j’ai, ça va faire une belle fin. Il y a plein de jeunes officiels qui poussent. Il est temps de s’en aller », confie le père de deux enfants, messager dans la vie de tous les jours, en entrevue téléphoniq­ue avec Le Journal.

LOIN DEVANT

Le doyen de la confrérie, qui a apposé les barres orange sur son chandail zébré à partir de la saison 1993-1994, pointe au sommet de sa profession pour le nombre de parties arbitrées avec 1446 en comptant la soixantain­e où il a travaillé comme juge de ligne. Il a aussi oeuvré deux ans dans la Ligue américaine, la Ligue internatio­nale et la ECHL.

Bon an, mal an, c’est près de 60 000 kilomètres qu’il parcourt sur le territoire du circuit Courteau, la plupart du temps les fins de semaine, pour incarner l’un des rôles de la « troisième équipe », celle que les partisans prennent un malin plaisir à détester. Au fil des ans, le principal intéressé a appris à ne plus se préoccuper des réactions des spectateur­s.

« On finit par se faire une cara- pace. On est tellement concentré sur le match pour voir s’il y a des infraction­s. Ça [les partisans], c’est extérieur. Ça ne vient pas te chercher. Oui, dans les arrêts de jeu, on les entend, mais on finit par prendre ça à la légère et ça fait partie du match », soutient Éric Charron, avouant que la réglementa­tion revampée en matière d’accrochage et d’obstructio­n a changé la façon de travailler de ses collègues et lui.

BONS SOUVENIRS

L’arbitre a eu un avant-goût des émotions qu’il ressentira durant la deuxième portion de la saison lorsqu’il visitera pour la dernière fois les 12 amphithéât­res de la LHJMQ en sol québécois en remettant les pieds à Halifax, en octobre.

C’est à cet endroit qu’il avait participé au tournoi de la Coupe Memorial en 2000, l’un des souvenirs les plus mémorables de sa carrière. « C’était spécial de retourner là. Chaque place où ce sera la dernière fois, ça va être spécial. Je vais faire les 12 équipes, ça va sûrement me faire un pincement au coeur. »

Il a aussi arbitré cinq finales de la Coupe du Président, dont celle de 2011. Le sixième match de celle-ci demeure bien ancré dans sa mémoire alors que les Sea Dogs de Saint John l’avaient emporté en prolongati­on contre les Olympiques de Gatineau au centre Robert-guertin pour remporter leur premier titre.

ARÉNAS INTIMIDANT­S

Éric Charron se souvient que le vieil aréna Jacques-plante de Shawinigan pouvait être très intimidant pour les arbitres quand la tension montait d’un cran. Force est d’admettre que les configurat­ions des édifices à l’époque n’aidaient en rien à la sécurité des zébrés. Les temps ont heureuseme­nt changé.

« Avec les années, le hockey est devenu plus propre. Les vitres sont maintenant plus hautes. Avant, les spectateur­s pouvaient t’atteindre. Je me souviens d’avoir eu des coups à la tête à Val-d’or en passant près des spectateur­s. On recevait pas mal de choses sur la glace. Du café, des bières, j’en ai reçu en masse! Et les premières années à Beauport, c’était quelque chose », se rappelle-t-il en riant.

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PHOTO COURTOISIE LHJMQ Éric Charron a participé à plus de 1400 matchs dans la LHJMQ à titre d’arbitre et juge de ligne.

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