YOGA, SPA ET MÉDITATION
Le docs e on e oin, e v de payer pour ça ?
Même s’ils sont parmi les mieux payés au Canada et qu’ils sont des travailleurs autonomes, des médecins québécois se font rembourser par les contribuables des activités de yoga et de méditation, a découvert notre Bureau d’enquête.
Au total, une trentaine de spécialistes et d’omnipraticiens ont participé la semaine dernière au Colloque sur le bien-être des médecins dans le bucolique décor du Spa Eastman, dans les Cantons-de-l’est.
Lors d’une des activités au programme, ils ont notamment eu à éplucher une clémentine et à la savourer avec les yeux fermés.
Ils ont également fait des mouvements de yoga et des exercices de respiration au son d’une clochette, avons-nous pu constater ( voir pages 4 et 5).
Entre deux ateliers, ils ont pu profiter des bains extérieurs mis à leur disposition et de « cuisine tonique ».
Chaque participant a dû payer entre 800 $ et 1400 $ pour s’inscrire au colloque de deux jours et entre 470 $ et 590 $ pour le forfait hébergement-repas.
JUSTE POUR LES MÉDECINS
L’organisateur Médecins francophones du Canada envoie ensuite une attestation de présence qui permet aux médecins de famille d’obtenir un remboursement de 402 $ par jour avec des fonds publics.
Dans le cas des médecins spécialistes, ils peuvent facturer à la Régie de l’assurance maladie du Québec un montant forfaitaire de 800 $ par jour pour « ressourcement ».
Des allocations auxquelles les infirmières ou les préposés aux bénéficiaires n’ont pas droit.
Pourquoi les Québécois devraient-ils payer ces séjours de ressourcement aux médecins, qui sont pourtant des travail- leurs autonomes qui facturent à l’acte ?
Parce que l’organisateur considère le séjour au spa comme de la formation continue, au même titre qu’un colloque sur un nouveau traitement médical, par exemple.
« C’est une formation des plus sérieuses pour être de meilleurs êtres », dit Lyne Champoux, directrice de projets pour Médecins francophones du Canada.
L’organisation dit répondre à une demande du corps médical, qui souhaite être mieux outillé pour faire face au stress.
« Il y a des études qui démontrent que les soignants [qui souffrent de fatigue] sont moins efficaces et font plus d’erreurs », explique Mme Champoux.
La formation est appuyée sur une littérature abondante. Certains éléments sont même enseignés à la Faculté de médecine de l’université de Montréal, fait-elle remarquer.
« On ne s’en va pas faire la rumba », dit-elle.
En plus des formations sur le yoga, la marche de pleine conscience et de gestion du stress, les médecins ont également eu une formation en prévention cardiovasculaire donnée par le Dr Martin Juneau, de l’institut de cardiologie de Montréal.
COMME LES CONGRÈS DANS LE SUD
La Dre Johanne Blais, membre du comité organisateur, justifie le choix du spa pour son environnement agréable.
« Ce n’est pas différent d’un groupe de cardiologues qui vont en congrès dans le Sud », indique-t-elle.
La Dre Blais reconnaît que ce type de formation n’est pas très fréquent ici.
« Un des objectifs est d’améliorer le bienêtre des médecins et d’être à la fine pointe en termes de prévention. »
Ainsi, dit-elle, les médecins pourront offrir d’autres alternatives à leurs patients que les pilules, notamment la « marche méditative de pleine conscience » ou encore le yoga qu’ils ont expérimentés durant le colloque.