Le Journal de Quebec

Justice enfin rendue

L’haltérophi­le Christine Girard a partagé avec ses trois enfants, hier, la victoire à retardemen­t qui lui vaut la médaille d’or des Jeux olympiques de Londres.

- ALAIN BERGERON

OTTAWA | Il manquait la magie du 31 juillet 2012, qui lui a été volée, mais l’haltérophi­le Christine Girard a vécu d’autres émotions, hier à Ottawa, lorsqu’elle est devenue à retardemen­t championne olympique des Jeux de Londres dans la catégorie des 63 kilos.

Dans un vaste espace du Centre national des arts, le Comité internatio­nal olympique (CIO) a corrigé un chapitre de son histoire ternie par le dopage en remettant officielle­ment la médaille d’or à une athlète qui avait à l’origine terminé au troisième rang à Londres. Dans une formule « combo », Girard a aussi reçu la médaille de bronze des Jeux de Pékin, là où elle avait pourtant fini au pied du podium.

« UNE VICTOIRE POUR LE PAYS »

Le Comité olympique canadien a tenté de reconstitu­er une cérémonie rappelant celle que l’ex-athlète aurait vécue dans le cadre des Jeux : annonce officielle, podium et fleurs, hymne national et drapeau canadien hissé. Il n’a manqué que les larmes traditionn­elles. Quand ses trois jeunes enfants l’ont rejointe sur l’estrade pour le délice des caméras et de la centaine d’invités, on a réalisé qu’il a fallu du temps pour réparer ces injustices.

« Aujourd’hui, c’est une victoire pour notre pays, nos valeurs et le sport. Ça va au-delà de ma propre personne. Mon nom est associé à cette belle histoire, mais ça signifie que n’importe qui doit continuer de rêver et de croire en ses espoirs. Ça signifie beaucoup de travail et de patience. Ça signifie de respecter ses droits et son corps », a commenté la dame 33 ans, qui retire ainsi à la gymnaste Rosannagh Maclennan son statut de seule médaillée d’or canadienne en 2012.

Ce double hommage était devenu nécessaire après une série de cas de dopage dévoilés par le CIO en 2016 et 2017, grâce à de nouvelles analyses d’échantillo­ns conservés depuis Londres et Pékin et qui ont dépossédé des médaillées des Jeux de 2012 et 2008.

SÉRIE DE BOULEVERSE­MENTS

À Londres, Girard était devenue la première Canadienne à décrocher une médaille olympique en haltérophi­lie. Toutefois, en juin 2016, de nouveaux tests ont révélé des traces de stéroïdes anabolisan­ts chez la médaillée d’or, la Kazakh Maya Maneza.

Le jeu de dominos s’est poursuivi. En avril 2017, c’était au tour de la médaillée d’argent à ces mêmes Jeux, la Russe Svetlana Tsarakueva, de se faire épingler pour usage de substances interdites, laissant la voie libre à Girard jusqu’à la plus haute marche du podium.

Entre-temps, en août 2016, un rebondisse­ment avait également revu le scénario des Jeux de 2008. La médaillée d’argent à Pékin, la Kazakh Irina Nekrassova, était à son tour piégée tardivemen­t pour dopage, convertiss­ant ainsi le quatrième rang de Girard en une médaille de bronze.

« Malheureus­ement, j’ai déjà eu des conversati­ons avec des athlètes d’autres pays qui étaient dopées et je crois que ce n’étaient pas nécessaire­ment leurs décisions, mais plutôt celles de personnes autour d’eux comme les entraîneur­s et les responsabl­es du sport. Elles étaient forcées au dopage. Ça me rend extrêmemen­t fière d’être Canadienne et chanceuse d’avoir grandi dans un pays qui n’a pas ça. Je ne suis pas fâchée contre ces femmes-là. Je suis seulement déçue pour elles qui ont grandi dans un pays où c’est différent », a sagement partagé la diplômée en enseigneme­nt en mathématiq­ues, militante du sport propre durant toute sa carrière.

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