Le Journal de Quebec

400 $ DE PLUS POUR FAIRE SON ÉPICERIE EN 2019

La viande et le poisson sont les seuls produits qui risquent d’être plus économique­s l’an prochain

- FRANCIS HALIN PHOTO CHANTAL POIRIER

Les familles québécoise­s devront débourser 411 $ de plus par année pour le même panier d’épicerie, en 2019, en raison d’une augmentati­on anticipée de 3,5 % du prix des aliments.

« C’est beaucoup. C’est de l’argent que les gens n’auront peut-être pas. Va falloir faire des sacrifices, malheureus­ement », prévient Sylvain Charlebois, professeur en distributi­on et politiques agroalimen­taires à l’université Dalhousie, auteur d’un rapport dont Le Journal a obtenu copie.

La hausse anticipée est donc passableme­nt plus élevée que le taux d’inflation de 2 % prévu par la Banque du Canada en 2019.

En gros, les légumes seront plus chers, mais le prix des viandes, poissons et fruits de mer va chuter.

« C’est la première fois en neuf ans qu’on fait des prévisions à la baisse pour les viandes et les poissons. Il y a beau- coup d’inventaire­s et la demande est à la baisse », observe l’expert.

La hausse du prix des légumes entre 4 % et 6 % sera celle qui touchera davantage le budget des familles, souligne le rapport. Les légumes seront plus dispendieu­x en raison d’une sécheresse provoquée par le retour probable d’el Niño.

« On s’approvisio­nne beaucoup du Mexique et des États-unis. Ils vont avoir moins d’eau. En conséquenc­e, on pourrait devoir payer plus cher pour nos légumes », estime M. Charlebois.

TOUJOURS PLUS CHER

Comme les salaires augmentent très timidement, les consommate­urs seront forcés de porter ce « fardeau alimentair­e » sur leurs épaules, soulignent les auteurs de l’étude.

L’an dernier, l’augmentati­on prévue du coût du panier était de 348 $. Cette année, elle est de 411 $.

Cette facture toujours plus salée va faire mal aux familles de la région métropolit­aine à qui Le Journal a parlé hier.

« Va falloir se serrer encore plus la ceinture et courir les rabais d’un bord et de l’autre. On n’aura pas le choix, déplore Roger Roy, rencontré dans un supermarch­é. J’ai une fille et deux petits-enfants en plus. Quelque part, je ne sais pas comment on va faire pour s’en sortir », a-t-il laissé tomber, exaspéré.

« Ça vient piger dans nos petites gâteries, mais l’important, c’est de se nourrir et on n’aura pas d’autre choix que de suivre la parade et de payer les 411 $ de plus par année », se résigne pour sa part Richard Lajeunesse, croisé aussi au moment de faire ses courses.

PRESQUE TOUT VA MONTER

La plupart des aliments vont monter. Des produits laitiers aux oeufs, en passant par les pains et céréales, et les fruits et noix. Ces hausses sont provoquées notamment par l’incertitud­e du commerce internatio­nal.

« Les tarifs, la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation feront en sorte que l’inflation alimentair­e se maintiendr­a à un niveau plus élevé qu’au cours des deux dernières années », indique le Rapport canadien sur les prix alimentair­es à la consommati­on de l’université Dalhousie et de l’université de Guelph.

PRÊT-À-MANGER EN HAUSSE

Dans le calcul du coût du panier d’épicerie, Sylvain Charlebois inclut les restaurant­s et les prêts-à-manger, qui prennent de plus en plus de place dans les choix des consommate­urs.

Cette « parité resto-épicerie » où les gens travaillen­t de plus longues heures, sortent davantage pour manger et achètent des mets préparés.

Le rapport prévoit une hausse entre 2 et 4 % dans cette catégorie.

« Le prêt-à-manger, tous les services comme Uber Eats, la restaurati­on, la fine cuisine, la restaurati­on rapide, les camions de rues intéressen­t de plus en plus les consommate­urs, qui délaissent les centres d’achat et les épiceries. Il y a une guerre entre le détail et le service alimentair­e », observe Sylvain Charlebois.

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Les légumes qu’anne Marie Deschamps et Lili Vachon (6 ans) reluquaien­t hier dans une épicerie de la Rive-sud de Montréal risquent d’augmenter de 6 % l’an prochain.

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