Le Journal de Quebec

Labeaume essoufflé

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon @quebecorme­dia.com

Depuis l’arrivée de Régis Labeaume en 2007, jamais autant de signes d’essoufflem­ent ne se sont manifestés que depuis le début de ce quatrième mandat.

Remarquez, après onze ans à la tête de Québec, on pouvait s’y attendre. Appelons ça l’usure normale du pouvoir. Après tout, pendant cette même période, les premiers élus se sont succédé à la tête de bien d’autres villes, dont Montréal.

M. Labeaume, lui, a régné sur Québec presque sans partage et sans interrupti­on, avec un taux de satisfacti­on et de réélection toujours très élevé.

N’empêche que M. Labeaume aurait avantage à revenir aux sources. Connu pour ses coups de gueule — les gens de Québec ont toujours apprécié être représenté­s par des personnali­tés fortes — il donne trop souvent l’impression d’un homme un peu blasé, plus en proie à l’irritation qu’à la passion.

DEVOIR DE TRANSPAREN­CE

Ainsi, le maire refuse de plus en plus souvent d’étayer ses positions dans différents dossiers. Il a pourtant un devoir de transparen­ce, et d’agir à titre de premier ambassadeu­r des grands projets de la Ville, qu’on pense au tramway. Sur le métro, il a mis trop de temps à s’expliquer.

Ce faisant, il laisse le plancher aux détracteur­s et échoue à mettre en place les conditions d’adhésion maximale. On dit que la nature a horreur du vide. La politique n’échappe pas à cette réalité.

La semaine dernière, les professeur­s Jean Mercier et Mario Carrier, de l’université Laval, Fanny Tremblay-racicot, de L’ÉNAQ, et Fabio Duarte, du MIT, ont lancé un livre analysant des exemples de villes américaine­s où des systèmes de transport structuran­t efficaces et attrayants ont été mis en place.

Leur conclusion plus générale, c’est que pour réussir de tels projets, une ville a besoin d’un maire charismati­que, de l’aide des gouverneme­nts et d’une collaborat­ion des villes environnan­tes. M. Labeaume ne doit pas l’oublier.

UNION DE L’OPPOSITION

L’usure du pouvoir se traduit aussi dans la place croissante qu’occupe l’opposition. En plus d’avoir perdu son bras droit par sa faute, en 2018, le maire a vu un autre conseiller quitter son équipe.

Pour une première fois depuis le début de son règne, quatre élus d’opposition se sont alliés, hier, pour présenter une propositio­n en matière de démocratie participat­ive. Nettement minoritair­es, ceux-ci tentent de s’organiser pour faire face à la machine Labeaume.

On verra si l’expérience aura des suites, et le cas échéant, comment le maire parviendra à s’y ajuster.

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