« Les Hells ont retrouvé le goût de s’afficher » - Réal Ménard
Le parrain de la loi antigang fédérale déplore les noces d’un motard à Montréal
Le parrain de la loi antigang au Canada juge inquiétant qu’un Hells Angel ait pu se marier en grande pompe en présence de nombreux motards criminels au centre-ville de Montréal, samedi.
« Je ne trouve pas ça rassurant, c’est le moins qu’on puisse dire », a déclaré au Journal l’ex-député Réal Ménard, le premier parlementaire à avoir déposé un projet de loi antigang à la Chambre des communes en 1995.
Cette année-là, Daniel Desrochers, 11 ans, s’est fait tuer dans Hochelaga-maisonneuve (la circonscription que représentait cet ancien élu du Bloc québécois).
Il jouait dehors quand la Jeep d’un trafiquant a explosé durant la guerre meurtrière que les Hells livraient aux Rock Machine pour s’approprier le marché de la drogue.
Pour Réal Ménard, les noces fastueuses du motard Martin Robert et de la fille d’une narcotrafiquante dans la chic salle de bal Le Windsor, en fin de semaine dernière, en plein centre-ville, sont une autre preuve « que les Hells Angels ont retrouvé le goût de s’afficher dans la communauté et qu’ils se sentent à l’aise ».
« DES GENS BIEN CORRECTS... »
« Ça va se reproduire tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas mis nos culottes », a renchéri le député bloquiste Rhéal Fortin, qui a vainement incité le gouvernement Trudeau à interdire aux Hells de porter en public leurs vestes à la tête de mort ailée, l’an dernier. « C’est dangereux. On rentre l’idée dans la tête de nos enfants que c’est pas si pire que ça, la criminalité, et que ce sont des gens bien corrects », a ajouté M. Fortin.
Les Hells, qui contrôlent maintenant le marché québécois des stupéfiants, ont déjà été plus discrets. D’abord après l’adoption d’une première loi antigang en 1997 et encore plus quand le gouvernement Chrétien l’a renforcée en 2002. « Les Hells avaient peur que le fait de porter leurs patches devienne illégal », a dit à la SQ le délateur de l’opération Sharqc, Sylvain Boulanger. Ils ont réalisé qu’ils avaient eu peur pour rien.
« Ç’aurait été plus simple de faire déclarer les Hells hors-la-loi, mais on se fai- sait répéter que ça ne résisterait pas à une contestation judiciaire en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés », a rappelé Réal Ménard.
ORGANISATION CRIMINELLE
En 2009, le gouvernement Harper a étudié la possibilité d’étiqueter automatiquement les Hells comme « organisation criminelle » devant la justice. Cela aurait évité à la Couronne et aux policiers de le démontrer en cour par une « preuve fastidieuse » chaque fois qu’un motard est accusé de gangstérisme, insistait le commandant Denis Mainville, du SPVM, en témoignant devant les élus fédéraux. Mais l’idée a été écartée.