L’allié belge de la famille Desmarais s’éteint à 92 ans
« C’est le premier million qui compte », disait l’homme le plus riche de Belgique
Albert Frère, le Belge controversé avec qui la famille Desmarais a bâti sa fortune, est mort hier à l’âge de 92 ans.
« Pendant plus de 30 ans, nous avons pu bénéficier du professionnalisme, de l’humanité et du sens des affaires d’albert Frère », a déclaré hier Paul Desmarais jr, président du conseil et co-chef de la direction de Power Corporation.
« Nous lui serons éternellement reconnaissants pour sa contribution inestimable au sein de notre groupe », a ajouté son frère André, président délégué du conseil et co-chef de la direction de Power.
DEPUIS LES ANNÉES 1970
Leur père Paul a connu Albert Frère à la fin des années 1970 alors que les deux siégeaient au conseil d’administration de la banque française Paribas.
M. Frère a siégé au conseil de Power de 1985 à 1995. En 1990, les deux familles ont conclu un « partenariat » qui a été renouvelé jusqu’en 2029. Paul Desmarais est mort en 2013 et Albert Frère a cédé la direction de son empire en 2015.
Albert Frère a commencé en affaires en reprenant l’entreprise familiale Frère-bourgeois et en exportant de l’acier belge dans le monde. Il a ensuite fait fortune en rachetant des usines sidérurgiques. D’où sa devise : « C’est surtout le premier million qui compte. »
En 1982, M. Frère a revendu ses intérêts dans l’acier à l’état belge avant que l’industrie ne s’effondre. S’est alors amorcée sa deuxième carrière : la haute finance.
« LIQUIDATEUR DE LA BELGIQUE »
Albert Frère a investi dans de grandes sociétés belges qui sont ensuite passées sous contrôle étranger, d’où l’un de ses surnoms : « liquidateur de la Belgique ». Mais pour lui, il s’agissait de créer des « champions » mondiaux.
C’est ainsi que la pétrolière belge Petrofina a fusionné en 1999 avec la française Total, dont sont toujours actionnaires aujourd’hui les Frère et les Desmarais.
« Très ému d’apprendre qu’albert Frère s’en est allé », a tweeté hier le PDG de Total, Patrick Pouyanné.
LAFARGE EN SYRIE
La fin de la vie de M. Frère a toutefois été marquée par les allégations selon lesquelles le cimentier Lafargeholcim, dont il était actionnaire avec les Desmarais, a financé des groupes djihadistes en Syrie.
L’an dernier, la police a fait une perquisition au siège bruxellois de GBL, l’une des entreprises des Frère-desmarais. Les policiers belges ont aussi interrogé Paul Desmarais, jr pendant 10 heures dans le cadre de leur enquête.