Le Journal de Quebec

La rectrice dans l’embarras

Sophie D’amours est critiquée dans un avis juridique qui refait surface

- NICOLAS LACHANCE

La rectrice de l’université Laval, Sophie D’amours, aurait « outrepassé ses pouvoirs » pour obtenir une subvention « historique » de 98 millions $, en 2015, alors qu’elle était vice-rectrice, révèlent des documents consultés par notre Bureau d’enquête.

C’est du moins ce que concluent des avocats dans un avis juridique commandé par la précédente administra­tion de l’ex-recteur Denis Brière et produit en juin 2016.

Le document refait surface aujourd’hui et provoque des remous au sein de l’institutio­n.

Contactés par notre Bureau d’enquête, le cabinet de la rectrice Sophie D’amours ainsi que la présidente du conseil d’administra­tion de L’UL, Marie-france Poulin, réfutent fermement la thèse soutenue dans l’avis juridique.

Ils soutiennen­t qu’une enquête interne déclenchée après la production de ce document embarrassa­nt a conclu qu’aucune faute civile ne pouvait être imputée à Mme D’amours ( voir autre texte).

Dans l’avis juridique, il est reproché à Mme D’amours d’avoir garanti à un organisme fédéral que l’université Laval et la Fondation de L’UL contribuer­aient à hauteur de 45 M$ dans un projet de recherche pour lequel elle réclamait de généreuses subvention­s, alors qu’elle n’avait pas obtenu l’autorisati­on préalable, ni du conseil d’administra­tion, ni de la Fondation.

Impossible aussi de savoir si l’argent promis par Mme D’amours allait être présent dans les coffres de l’institutio­n au moment du dépôt de sa demande de subvention.

À l’été 2015, l’université Laval obtient néanmoins la subvention du Fonds d’excellence fédéral nommé Apogée Canada et demandée par Mme D’amours, qui était alors vice-rectrice à la recherche.

Les communiqué­s de l’époque célèbrent la plus importante subvention de l’histoire de L’UL, soit une somme de 98 M$ sur 7 ans.

Le projet subvention­né est nommé Sentinelle Nord. Il vise à permettre à des chercheurs d’utiliser la neurophoto­nique et l’optique-photonique pour générer et interpréte­r des données sur les changement­s climatique­s dans le Grand Nord.

PAS D’AUTORISATI­ON ?

Au début 2016, le montage financier est analysé par les responsabl­es des finances de l’université Laval.

La haute direction prend alors conscience des sommes promises par l’établissem­ent dans ce montage, constatant du même coup l’absence d’autorisati­on formelle de la part des conseils d’administra­tion de L’UL et de la Fondation.

La Division juridique recommande un examen externe afin de faire la lumière sur les apparentes irrégulari­tés.

ELLE A « OUTREPASSÉ LES POUVOIRS »

Le cabinet d’avocats Gagné-letarte est mandaté. Le signataire de l’avis, Me Serge Belleau, conclut que la vice-rectrice a « outrepassé les pouvoirs qu’elle détenait ».

Aux yeux de Me Belleau, Mme D’amours « n’avait aucun pouvoir d’agir » pour la Fondation de l’université Laval auprès d’apogée Canada et elle a « faussement représenté » à celui-ci que la Fondation avait pris un engagement financier. Elle aurait « manqué à ses devoirs de prudence et de diligence » et par conséquent commis une « faute civile ».

Dans son avis, l’avocat souligne que le recteur Denis Brière et le vice-recteur exécutif Éric Bauce ont été informés du contenu de la demande de subvention par courriel, tardivemen­t, la veille du dépôt.

Des extraits de courriels sont cités dans l’avis juridique. Mme D’amours écrit entre autres au recteur que « le temps manque […] pour faire quelque chose de parfait ». Elle ajoute : « Je pense que le budget tient la route ».

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PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Il a été impossible pour notre Bureau d’enquête de s’entretenir avec la rectrice Sophie D’amours.
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