Le Journal de Quebec

Paris fait trébucher Paris

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Les manifestat­ions violentes à Paris viennent de faire un croc-enjambe au président Macron dans son effort pour respecter l’accord de Paris sur les changement­s climatique­s. Sa hausse de la taxe sur les carburants a allumé la mèche d’une révolte populaire qui est devenue hors contrôle. Il a dû reculer.

Le symbole est énorme. L’accord signé à Paris en 2015 engage tous les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Les signataire­s ne devaient pas s’attendre à voir les rues en feu dans cette même ville en réaction aux efforts du gouverneme­nt français pour atteindre ses cibles.

Pour ajouter au symbole, le recul annoncé par le gouverneme­nt français survient au moment même où se tient en Pologne la COP24. Cette conférence sur le climat, qui suscite assez peu d’intérêt, vise justement à effectuer un suivi des progrès de chaque pays participan­t.

Pour le gouverneme­nt français, ce recul apparaît catastroph­ique. Le mouvement du président Macron souhaite implanter des réformes ambitieuse­s. Quelle terrible perte d’autorité que de se retrouver en position de faiblesse au point de devoir capituler platement ! D’autant plus que ce recul pourrait bien ne pas calmer l’ardeur des manifestan­ts.

En France, comme ici, les citoyens de la classe moyenne attendent des solutions équilibrée­s en matière d’environnem­ent.

TAXER L’ESSENCE

La taxe sur l’essence a fait sauter la marmite. Mais la grogne exprime maintenant des insatisfac­tions de toutes sortes. Toutes les doléances des pauvres et de la classe moyenne s’y trouvent mélangées. Une fois la rue enflammée, difficile de calmer le tout avec un seul geste.

Voilà un rappel que seule une approche équilibrée en matière d’environnem­ent pourra rallier la population et livrer des résultats. Les écologiste­s les plus militants sont intimement convaincus de la validité de leur cause. Par contre lorsqu’ils prétendent parler au nom de la population en général, c’est tout simplement faux.

Les écologiste­s diront que la population est irresponsa­ble, non consciente des avertissem­ents de la science et trop égoïste ? Mais à moins que ceux-ci ne suggèrent de remplacer la démocratie par une écolocrati­e, il faudra bien mettre le peuple dans le coup.

LEÇONS AU QUÉBEC

Les événements qui surviennen­t en France fournissen­t des enseigneme­nts utiles pour nos propres élus québécois. D’abord pour François Legault qui se fait chauffer les oreilles pour prendre le grand virage vert, il y a un appel à la prudence.

Il est vrai qu’il doit inclure l’environnem­ent dans sa politique, mieux qu’il ne l’a fait en campagne électorale. Néanmoins, les gens attendent de lui une approche équilibrée. Même les jours où il entendra une critique incessante sur les plateaux vertueux de Radio-canada, il doit se souvenir que sa population est ailleurs.

Au Parti libéral dont l’histoire et la crédibilit­é reposent largement sur le thème de l’économie, le virage vert annoncé ne doit pas tourner à la caricature. Les électeurs libéraux ne s’y reconnaîtr­ont pas.

Quant à Québec solidaire dont la chef nous a dit que l’environnem­ent était dorénavant le seul thème, je les invite à regarder leur grand ami le communiste Jean-luc Mélenchon. Il défend les automobili­stes !

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