Les mystères du plan caquiste
On doit reconnaître que le jeune gouvernement Legault n’a pas tardé à poser des premiers gestes pour redonner de l’argent dans les poches des Québécois. Mais l’amorce du plan présenté lundi laisse songeur…
D’abord, plusieurs familles se sont rendu compte lundi qu’elles n’étaient pas invitées au party !
En campagne électorale, lorsque la CAQ a présenté sa promesse de donner jusqu’à 1200 $ additionnels pour un 2e enfant et un 3e enfant, François Legault n’avait pas précisé que les familles dont le revenu annuel est supérieur à 108 000 $ n’auraient pas un sou de plus.
En guise de premier pas annoncé dans le cadre de la mise à jour économique, les familles sous ce seuil de revenu obtiendront 500 $ pour leur 2e enfant dès 2019, et les autres n’auront rien. Pourtant, des parents qui gagnent 55 000 $ chacun et qui ont deux enfants font partie de la classe moyenne et paient leur bonne part d’impôt.
Pourquoi les exclure complètement de ce premier « cadeau » ? « C’est un choix », était la seule réponse du ministre des Finances, Éric Girard.
Confronté par un journaliste qui demandait quels étaient les paramètres du premier ministre pour définir la classe moyenne, François Legault fut pour le moins évasif.
« 108 000 $ [de revenu familial] c’est un chiffre qui à mon avis, là, peut effectivement représenter… Il n’y a pas de chiffres précis de ce que c’est la classe moyenne [...] c’est autour de ça. »
Le gouvernement caquiste devrait y repenser lorsqu’il échafaudera les prochaines étapes de son plan pour remettre de l’argent dans les poches des familles.
Il est vrai toutefois que ses autres engagements, s’ils sont concrétisés, toucheront les ménages sans égard à la taille de leur portefeuille, notamment le retour au tarif de garde unique et la réduction de la taxe scolaire.
OÙ PRENDRE L’ARGENT ?
Étonnant aussi de constater qu’avec ces premiers pas timides annoncés lundi, le gouvernement caquiste prévoit que le surplus de 1,7 milliard $ de cette année fondra ensuite complètement en 2019-2020.
Ça signifie qu’il devra trouver beaucoup d’argent dans les prochains mois pour payer les coûts du déploiement des maternelles quatre ans, pour construire des maisons des aînés et respecter ses promesses de baisse du fardeau fiscal.
Appelé à identifier ses espoirs de revenus supplémentaires, le ministre Girard a spéculé sur le possible effet des mesures de son gouvernement pour stimuler l’économie.
Sinon, le grand argentier a avancé qu’il pourrait piger dans la « réserve de stabilisation » qui s’élève à huit milliards $. Pourtant, il sait sûrement qu’il ne s’agit que d’une ligne virtuelle dans les états financiers, et non d’un compte dans lequel on peut piger pour payer de vraies dépenses.
LE VRAI MONDE
Puis, François Legault a transformé cette mise à jour économique en une conférence de presse de type spectacle pour montrer le vrai monde qui profitera de ses mesures, dit-il.
Il y avait 37 citoyens autour de lui pour cette mise en scène, en plus des autres dans l’assistance. J’ai questionné l’un d’entre eux, qui semblait s’être prêté au jeu de la figuration avec plus ou moins d’enthousiasme.
« Vous êtes membre du parti et ils vous ont dit que ce serait bien de venir appuyer par votre présence ? »
« C’est ça, vous avez tout compris... »