Première baisse de salaire des spécialistes en 12 ans
Ils gagnent toutefois 61 % plus que les omnipraticiens
La rémunération des médecins spécialistes a diminué de 3 % l’an dernier, une première depuis au moins 12 ans. Mais ils gagnent encore 61 % de plus que leurs confrères omnipraticiens.
Les médecins spécialistes de la province ont empoché 4,7 milliards $ en 2017-2018, révèle le dernier rapport de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
Il s’agit d’une légère baisse de 2,8 % par rapport à l’année précédente, durant laquelle ils avaient empoché 4,9 milliards $.
Selon la RAMQ, cette diminution est attribuable à un montant forfaitaire non récurrent qui a été payé en 2016-2017.
PROGRESSION
Or, le revenu des spécialistes est en constante progression depuis au moins 2005-2006, d’après la RAMQ. Depuis cinq ans, ils ont obtenu une hausse de revenu de 42 %.
D’ailleurs, selon un chercheur qui a récemment étudié le revenu des docteurs québécois, l’entente salariale actuelle des spécialistes prévoit une hausse d’environ 2 % dans les prochaines années.
« J’ai du mal à voir comment il pourrait y avoir une baisse, dit Damien Contandriopoulos. La nouvelle entente propose de continuer à peu près sur la même trajectoire. »
DONNER À D’AUTRES ?
Lors de la dernière campagne électorale, la Coalition avenir Québec avait promis de renégocier l’entente à la baisse avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
Or, une étude est en cours pour comparer le salaire des médecins au Canada.
« En tentant de réduire le salaire des spécialistes, on pourra rééquilibrer les salaires des autres corps de métier », souhaite le président du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU), Claude Ménard.
La présidente de la FMSQ a refusé d’accorder une entrevue au Journal, hier.
La rémunération totale des docteurs (incluant les résidents) a augmenté de 4 % en 2017-2018, environ, pour franchir le cap des 8 milliards $.
Les médecins de famille ont reçu 16 % de plus, en raison de sommes non récurrentes « qui ont été versées toutes d’un coup », dit la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
RECRUTEMENT DIFFICILE
Malgré cela, les spécialistes gagnent toujours 61 % de plus. Un écart qui doit être réduit pour améliorer le recrutement des médecins de famille, dit le président, le Dr Louis Godin.
« Mais, on est conscients que ça va se faire sur plusieurs années, pas sur deux ou trois ans », mentionne-t-il.
Par ailleurs, le RPCU déplore que les services ne se soient pas améliorés malgré les milliards consentis aux docteurs.
« On le voit dans les urgences à quel point il n’y a pas eu de progression au niveau des attentes », dit M. Ménard.