Le Journal de Quebec

Elle rate sa seule sortie de l’année

Arrivé une demi-heure plus tôt que prévu, le chauffeur est reparti sans elle

- ELISA CLOUTIER

Atteinte de la maladie d’alzheimer et clouée dans un fauteuil roulant, Jacqueline Laberge n’a pu assister au spectacle de Mario Pelchat, dimanche dernier au Centre Vidéotron, car le transport adapté ne l’a pas attendue, une situation que dénonce sa fille, Judith Mathieu.

Une femme de 93 ans, atteinte d’alzheimer et qui se déplace en fauteuil roulant, a été privée d’une de ses seules sorties de l’année, dimanche dernier, en raison d’un cafouillag­e au Service de transport adapté de la Capitale (STAC).

La famille de Jacqueline Laberge était fébrile dimanche dernier, alors qu’elle devait assister au spectacle Mario Pelchat et les prêtres, présenté au Centre Vidéotron en après-midi. Son cadeau de Noël en avance.

Mais par-dessus tout, Mme Laberge devait partager cette journée avec ses enfants et son mari, qu’elle ne voit que très rarement.

Mariés depuis 67 ans, Jacqueline Laberge et Raymond Mathieu sont forcés de vivre dans deux résidences, en raison de leurs différents problèmes de santé.

Cette journée qui devait être mémorable s’est malheureus­ement changée en cau- chemar, lorsque le transport adapté que sa fille, Judith Mathieu, avait pris la peine de réserver trois jours à l’avance s’est présenté une demi-heure plus tôt que l’heure prévue, à 13 h 15.

Après avoir attendu quelques minutes, le chauffeur est reparti, sans Mme Laberge. « Lorsque je suis descendue, à 13 h 5, la réceptionn­iste m’a dit que le transport venait de quitter. J’étais sans connaissan­ce », raconte Mme Mathieu, qui a encore du mal à se remettre de ces fâcheux événements.

« J’avais pourtant rappelé deux fois dans la journée de vendredi pour confirmer l’heure », déplore-t-elle.

LES YEUX PLEINS D’EAU

Après avoir tenté en vain de commander un autre transport à la STAC, même en appelant d’autres compagnies, Mme Mathieu n’a eu d’autre choix que de ramener sa mère à sa chambre.

« Ç’a été le plus dur. Je pleurais et ma mère était déçue. Elle avait les yeux pleins d’eau, elle ne comprenait pas et se sentait abandonnée. Elle m’a dit : “Ma fille, pourquoi tu ne m’emportes pas avec toi ?” », dit-elle, la voix nouée par l’émotion.

Toutes les compagnies de transport adapté exigent de réserver dans un délai de 24 h.

Actuelleme­nt, certaines entreprise­s demandent même un délai de 72 h, vu l’important achalandag­e, a constaté Le Journal.

PAS DE COMMENTAIR­E

Le RTC, qui gère le Service de transport adapté de la Capitale, n’a pas souhaité répondre aux questions du Journal concernant le cas de Mme Laberge, hier.

Dans un courriel laconique, le président Rémy Normand s’est contenté de dire que la famille pouvait s’adresser au service à la clientèle du STAC.

« Le RTC ne commente pas les cas individuel­s. Nous encourageo­ns toujours les clients à contacter notre centre contact client s’ils estiment que le service reçu n’était pas adéquat, auquel cas nous assurons un suivi rapidement », a-t-il indiqué.

« JE VOYAIS MAMAN QUI ÉTAIT TOUT HABILLÉE, PRÊTE À PARTIR. Ç’A ÉTÉ LA FIN DU MONDE POUR MOI. » — Judith Mathieu

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PHOTO STEVENS LEBLANC Judith Mathieu est émotive lorsqu’elle relate les tristes événements de dimanche, alors qu’elle a été forcée de ramener sa mère Jacqueline Laberge seule à sa chambre, plutôt que de l’emmener voir le spectacle qu’elle attendait, faute de transport adapté.

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