Le Journal de Quebec

La chanteuse Guylaine Tanguay raconte son année dans le besoin

La Guignolée des médias se déroule aujourd’hui aux quatre coins du Québec

- DOMINIQUE SCALI

La chanteuse Guylaine Tanguay se souvient encore du « coup de masse » qui a plongé sa famille dans la pauvreté et de la honte que ressentait sa mère lorsqu’elle est allée chercher son premier chèque d’aide sociale.

« Encore aujourd’hui, il n’y a pas une fois où je vais à l’épicerie sans me dire : “hey, je suis chanceuse” », avoue-t-elle.

La chanteuse country de 46 ans fait partie des neuf artistes porte-paroles de la Guignolée des médias, qui se tient aujourd’hui au Québec.

Ayant elle-même connu la précarité alimentair­e, elle n’a pas à chercher bien loin les raisons qui l’ont poussée à s’impliquer. Car personne n’est à l’abri d’un coup dur, rappelle-t-elle.

À LA RUE

Elle a grandi à Girardvill­e, au Saguenay—lac-saint-jean. Son père gagnait bien sa vie comme camionneur.

« Quand je revenais de l’école, je savais qu’il y aurait quelque chose à manger et que ce serait bon », se souvient-elle.

Mais son père avait un problème d’alcoolisme et de jeu compulsif. Il avait beau être travaillan­t, il accumulait les dettes.

Un jour, quand elle avait 13 ou 14 ans, la famille a reçu un appel de la banque : leur maison ne leur appartenai­t plus.

« On s’est retrouvés à la rue […] C’est comme un coup de masse en plein front », illustre-t-elle.

HONTE

Avec sa mère et ses petits frères, elle a changé de village.

« On avait trop honte ». Car demander de l’aide est d’autant plus gênant dans les petits villages où tout le monde se connaît, souligne-t-elle.

Elle se souvient d’ailleurs de sa mère qui hésitait à aller s’inscrire à l’aide sociale. « Mais je lui ai dit : “on n’a pas le choix” ».

Une tante leur avait fait livrer un panier de Noël rempli de nourriture.

« Secrètemen­t, précise-t-elle, car on ne l’aurait pas demandé, même si on en avait besoin. »

Au début, cette situation semblait si « irréelle » que le déni était facile. « On se disait : “non, non, on ne fait pas pitié. D’autres en ont plus besoin que nous”. »

Cette période difficile a duré environ un an et demi, mais l’a marquée pour la vie.

« Quand j’ai de l’argent, j’ai peur de ne plus en avoir. [Cette angoisse] est en moi. J’essaie de me défaire de ce lien émotif à l’argent », explique-t-elle.

PRIVILÈGE

En même temps, cette disette lui a ouvert les yeux.

« Manger ce qui te tente quand ça te tente, c’est devenu un privilège. »

Ainsi, le gaspillage de nourriture n’est pas toléré à la maison. « Depuis qu’elles sont petites, mes filles le savent. »

Même quand elle ne roulait pas sur l’or, elle s’arrangeait pour que ses filles apportent des cannes de conserve à l’école pour qu’elles soient redistribu­ées aux familles qui en arrachaien­t.

Une chose est donc claire pour elle : l’importance de donner, ne serait-ce que 5 $.

« ON S’EST RETROUVÉS À LA RUE [...] C’EST COMME UN COUP DE MASSE EN PLEIN FRONT. » – Guylaine Tanguay, chanteuse

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PHOTO D’ARCHIVES « Quand on a de l’argent, il faut en donner », dit l’artiste Guylaine Tanguay qui n’a pas toujours trôné au sommet des palmarès.

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