Des qualités du 41e président aux lacunes du 45e
Les éloges rendus aux qualités du 41e président des États-unis, George H.W. Bush, mettent en évidence les lacunes de l’actuel locataire de la Maison-blanche.
Mercredi, pour faire changement, l’attention du monde politique américain n’était pas monopolisée par Donald Trump, mais par l’ex-président George H.W. Bush, décédé vendredi dernier à l’âge de 94 ans. Pourtant, les hommages sobres et émouvants qui lui ont été rendus ne pouvaient que rappeler à quel point les qualités de cet homme d’une autre époque manquent à l’actuel président.
UN SOUVENIR MITIGÉ
Je vivais aux États-unis pendant l’élection de 1988, et, après huit ans de reaganisme et après les coups bas de la campagne contre Michael Dukakis, l’élection de George Bush ne m’enchantait pas.
Pourtant, comme président, Bush a su exercer un leadership international hors du commun et transcender la partisanerie en politique intérieure, tout en mettant en valeur d’indéniables qualités personnelles.
LEADERSHIP INTERNATIONAL
Dans son eulogie, Brian Mulroney a résumé en un mot l’héritage international de Bush : leadership.
Son mandat a été chargé : Chute du mur de Berlin, réunification allemande, guerre du Golfe, ALÉNA, et j’en passe.
Les États-unis auraient facilement pu verser dans le triomphalisme ou écraser leurs partenaires. Bush a plutôt mis l’accent sur le multilatéralisme et sur un ordre axé sur les règles plutôt que sur la contrainte, tout en maintenant un engagement indéfectible envers ses alliés ; exactement l’inverse du président actuel.
Les deux plus remarquables réalisations intérieures de George Bush père sont probablement le resserrement du Clean Air Act, qui a permis de contenir la plaie des pluies acides, et l’american with Disabilities Act, qui a intégré des millions de personnes handicapées à la société américaine et qui sert encore d’exemple au reste du monde.
Ironiquement, ces réalisations progressistes seraient aujourd’hui probablement rejetées par l’actuel président, dont l’essentiel du programme environnemental et social consiste à démanteler les programmes de ses prédécesseurs.
Il est aussi ironique que l’autre acte de non-partisanerie responsable de Bush, qui est revenu sur sa promesse de ne jamais lever de nouveaux impôts, ait été à l’origine de sa défaite et de la transformation radicale de son parti. Le contraste est frappant avec la réforme fiscale hyperpartisane de Trump, qui risque de s’avérer un gouffre financier.
L’IMPORTANCE DU CARACTÈRE
Tous les éloges du 41e président ont noté comment, malgré ses origines privilégiées, ou plutôt à cause d’elles, ce dernier avait un sens profond du service public. L’ex-président n’a pas cherché d’excuses pour échapper au service militaire, et son expérience de combat l’amenait à privilégier la prudence.
Il était ferme, mais pas vindicatif. Il avait le sens de l’autodérision et pouvait se lier d’amitié avec ses adversaires politiques, y compris celui qui l’a battu en 1992 ; l’antithèse de l’actuel président.
Le 41e président n’était pas parfait, mais il semble qu’au terme de cette semaine où on a souligné ses indéniables qualités, on se rendra compte que celles-ci font aujourd’hui cruellement défaut.