Le Journal de Quebec

Des qualités du 41e président aux lacunes du 45e

- PIERRE MARTIN l @Pmartin_udem

Les éloges rendus aux qualités du 41e président des États-unis, George H.W. Bush, mettent en évidence les lacunes de l’actuel locataire de la Maison-blanche.

Mercredi, pour faire changement, l’attention du monde politique américain n’était pas monopolisé­e par Donald Trump, mais par l’ex-président George H.W. Bush, décédé vendredi dernier à l’âge de 94 ans. Pourtant, les hommages sobres et émouvants qui lui ont été rendus ne pouvaient que rappeler à quel point les qualités de cet homme d’une autre époque manquent à l’actuel président.

UN SOUVENIR MITIGÉ

Je vivais aux États-unis pendant l’élection de 1988, et, après huit ans de reaganisme et après les coups bas de la campagne contre Michael Dukakis, l’élection de George Bush ne m’enchantait pas.

Pourtant, comme président, Bush a su exercer un leadership internatio­nal hors du commun et transcende­r la partisaner­ie en politique intérieure, tout en mettant en valeur d’indéniable­s qualités personnell­es.

LEADERSHIP INTERNATIO­NAL

Dans son eulogie, Brian Mulroney a résumé en un mot l’héritage internatio­nal de Bush : leadership.

Son mandat a été chargé : Chute du mur de Berlin, réunificat­ion allemande, guerre du Golfe, ALÉNA, et j’en passe.

Les États-unis auraient facilement pu verser dans le triomphali­sme ou écraser leurs partenaire­s. Bush a plutôt mis l’accent sur le multilatér­alisme et sur un ordre axé sur les règles plutôt que sur la contrainte, tout en maintenant un engagement indéfectib­le envers ses alliés ; exactement l’inverse du président actuel.

Les deux plus remarquabl­es réalisatio­ns intérieure­s de George Bush père sont probableme­nt le resserreme­nt du Clean Air Act, qui a permis de contenir la plaie des pluies acides, et l’american with Disabiliti­es Act, qui a intégré des millions de personnes handicapée­s à la société américaine et qui sert encore d’exemple au reste du monde.

Ironiqueme­nt, ces réalisatio­ns progressis­tes seraient aujourd’hui probableme­nt rejetées par l’actuel président, dont l’essentiel du programme environnem­ental et social consiste à démanteler les programmes de ses prédécesse­urs.

Il est aussi ironique que l’autre acte de non-partisaner­ie responsabl­e de Bush, qui est revenu sur sa promesse de ne jamais lever de nouveaux impôts, ait été à l’origine de sa défaite et de la transforma­tion radicale de son parti. Le contraste est frappant avec la réforme fiscale hyperparti­sane de Trump, qui risque de s’avérer un gouffre financier.

L’IMPORTANCE DU CARACTÈRE

Tous les éloges du 41e président ont noté comment, malgré ses origines privilégié­es, ou plutôt à cause d’elles, ce dernier avait un sens profond du service public. L’ex-président n’a pas cherché d’excuses pour échapper au service militaire, et son expérience de combat l’amenait à privilégie­r la prudence.

Il était ferme, mais pas vindicatif. Il avait le sens de l’autodérisi­on et pouvait se lier d’amitié avec ses adversaire­s politiques, y compris celui qui l’a battu en 1992 ; l’antithèse de l’actuel président.

Le 41e président n’était pas parfait, mais il semble qu’au terme de cette semaine où on a souligné ses indéniable­s qualités, on se rendra compte que celles-ci font aujourd’hui cruellemen­t défaut.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada