Le Journal de Quebec

De 15 à 20 cents payés en trop à la pompe

Le calcul du prix du litre d’essence au Québec par la Régie de l’énergie est erroné

- PIERRE COUTURE

Les automobili­stes québécois paient depuis des années un prix beaucoup plus élevé à la pompe, entre 15 à 20 cents de trop, en raison d’un calcul erroné de la Régie de l’énergie, a constaté Le Journal.

Chaque jour, la Régie de l’énergie dit se baser sur le coût du baril de pétrole de type Brent pour calculer le coût d’acquisitio­n d’un litre d’essence ordinaire de la part des détaillant­s québécois.

Le prix de référence fixé par la Régie de l’énergie quotidienn­ement sert de référence aux essencerie­s pour afficher leur prix à la pompe partout au Québec.

Or, depuis au moins 2015, les deux raffinerie­s en activité au Québec disent ne plus s’approvisio­nner uniquement avec le pétrole de type Brent, qui provient de l’algérie et de la mer du Nord.

Selon l’office national de l’énergie (ONÉ), la raffinerie Valéro, de Lévis, et la raffinerie Suncor, de Montréal-est, s’approvisio­nnent à plus de 66 % à partir de pétrole de l’ouest canadien, qui vaut beaucoup moins cher sur le marché.

Hier, le prix du baril de pétrole de type Brent s’échangeait à 82,09 $ CAN (61,45 $ US) sur les marchés, comparativ­ement à 37,76 $ CAN (28,25 $ US) pour le baril de pétrole de type Western Canadian Select.

« Cette formule de calcul de la Régie de l’énergie tenait la route il y a plusieurs années. Mais là, on peut dire que les sources d’approvisio­nnement des raffinerie­s au Québec ont beaucoup changé », reconnaît le professeur en droit de l’énergie, à l’université Laval, Christophe Krolik.

Selon ce dernier, les automobili­stes sont en droit de se questionne­r sur la fiabilité du système de calcul offert par la Régie de l’énergie. En appliquant une nouvelle formule, le prix offert à la pompe serait très différent, a assuré le professeur Krolik.

Des calculs conservate­urs effectués par Le Journal font état d’une réduction d’environ 15 à 20 cents par litre qui pourrait être reflétée sur le prix actuel de l’essence.

Le prix de l’essence fixé chaque jour par la Régie de l’énergie est composé à près de 59 % du coût d’acquisitio­n du baril de pétrole de type Brent et d’environ à 41 % de taxes.

LA RÉGIE RECONNAÎT SON ERREUR

La Régie de l’énergie est demeurée muette hier dans ce dossier. La responsabl­e des communicat­ions, Véronique Dubois, n’a pas rappelé Le Journal.

Dans un document appelé Guide méthodolog­ique pour l’établissem­ent des différents relevés sur les produits pétroliers, la Régie reconnaît toutefois son erreur alors que le recours uniquement au baril de pétrole de type Brent n’est plus approprié dans sa méthode de calcul.

« Des informatio­ns récentes concernant les sources d’approvisio­nnement au Québec ont amené la Régie à se questionne­r sur l’utilisatio­n de ce type de pétrole brut à titre de référence », peut-on lire.

La Régie dit étudier présenteme­nt différente­s options de remplaceme­nt de cette référence.

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