Un cortège féerique
Corteo revit au Centre Vidéotron
Les funérailles ne sont pas forcément tristes. Pas avec le Cirque du Soleil, en tout cas. Celles du clown Mauro ont pris des allures carnavalesques, hier, au Centre Vidéotron, alors que Corteo – qui signifie « cortège », en italien – y reprenait vie 13 ans après sa création.
La version aréna du spectacle conçu par Daniele Finzi Pasca en 2005 est une grande réussite. La transition de Corteo est probablement celle des dernières années qui souffre le moins du souvent trop vaste espace d’un amphithéâtre. La scène bifrontale amène une grande proximité avec le public, même dans les plus hauts gradins.
Présenté en aréna pour la première fois au Québec, hier, Corteo est un fabuleux mélange de poésie, d’humanité et de prouesses exaltantes, poétiques, touchantes. Contrairement à ce à quoi le Cirque nous a habitués, le spectacle ne mise pas sur la flamboyance des costumes ou des décors colorés.
CÉLÉBRATION
Les émotions et l’être humain sont plutôt au coeur de la proposition fantaisiste, dépouillée d’excentricités, ce qui permet d’apprécier plus que jamais le travail des acrobates. Corteo se concentre sur l’essentiel, transportant le public dans un univers baroque avec comme toile de fond une musique aux accents italiens, jouée par plusieurs musiciens juchés au parterre.
Même si la mort nourrit l’histoire, Corteo est une célébration de l a vie. Le clown Mauro s’imagine ses propres funérailles, une perpétuelle fête foraine où il vole avec des anges, joue au ballon (dans une équipe qu’il a appelée les « Nordiques »), et fait de la bicyclette très, très haut au-dessus de la scène.
Du côté des numéros, Corteo ne réin- vente pas les arts circassiens. On a droit aux disciplines classiques, comme la jonglerie, la sangle aérienne – le couple d’acrobates est à couper le souffle –, le hula-hoop, la pôle suspendue, la roue Cyr. Les tableaux sont simples, mais d’une impeccable qualité.
Les artistes de ce spectacle de deux heures, qui sont plus d’une cinquantaine, ne sont jamais seuls sur scène. Question de semer le chaos dans la fête foraine, les acrobates gravitent toujours autour de l’action en endossant plusieurs rôles.
MOMENT FORT
La procession funèbre commence avec un numéro aérien enchanteur où trois acrobates se balancent, suspendues à des chandeliers. L’originalité d’une enfantine bataille d’oreillers sur des « trampo-lits » nous a fait décrocher un grand sourire. Qui n’aurait pas souhaité, enfant, que son lit se transforme en trampoline ?
Corteo a gardé son moment fort : celui où la lilliputienne Valentina, accrochée à d’immenses ballons remplis d’hélium, se promène dans les gradins en marchant dans les mains des spectateurs, qui la propulsent dans les airs. Le moment est magique et surréaliste.
Elle forme un couple avec un autre lilliputien, Gregory, qui vole la vedette à son tour, juste après elle, dans un numéro de bascule, avec un géant à ses côtés. Plus tard, ils feront une scène théâtrale à la Roméo et Juliette fort comique.
Parmi les numéros qui nous ont tenus en haleine, un acrobate a courtisé un ange qui survole la scène, en équilibre au sommet d’une échelle. Le numéro final n’est pas moins que grandiose avec ses 10 acrobates qui virevoltent sur des barres fixes.
Gageons que la vie en aréna de Corteo durera encore longtemps. Corteo est présenté au Centre Vidéotron jusqu’au 9 décembre.