« C’est la journée du massacre », avait-il écrit à son ex
L’homme de 32 ans qui a tiré un coup de feu vers deux policiers en juin dernier, à Charlesbourg, venait d’envoyer un message texte à son ex-conjointe dans lequel il affirmait que c’était « la journée du massacre ».
C’est ce que le procureur de la Couronne a révélé hier lors du plaidoyer de culpabilité de Patrick Lafond, qui a écopé d’une peine de cinq ans de pénitencier pour avoir mis la vie en danger de deux policiers en déchargeant une arme à feu.
« Fort probablement que ces deux policiers-là ont sauvé une vie en mettant la leur en péril », a souligné en salle de cour Me Mathieu Rochette.
« ENRAGÉ »
Le matin du 11 juin, Lafond a été pris d’un accès de rage.
Mécontent que son père – chez qui il résidait rue de Navarre – insiste pour qu’il se lève et se rende à son nouveau travail, Lafond a brisé une commode, puis fracassé une fenêtre de son véhicule avec une hache, avant de pousser son père.
Alors que ce dernier s’est rendu à l’intérieur pour contacter le 911, Lafond, « enragé et les yeux exorbités », a défoncé la porte de la résidence, puis a quitté en voiture, après avoir cassé une fenêtre avec une pelle.
Les policiers, alertés, l’ont vite localisé dans le stationnement arrière d’un commerce au 8435, boulevard Henri-bourassa, assis au volant d’une Tercel immobilisée. Ils ont positionné l’autopatrouille de façon à bloquer toute issue au suspect.
« Le policier au volant a mis le véhicule en mode stationnement et en relevant les yeux, il va constater que M. Lafond a sorti un objet cylindrique noir, qui se trouve à être un fusil de calibre 12 tronçonné [contenant une cartouche de pigeon d’argile]. Il va y avoir une forte détonation », a expliqué Me Rochette.
Les policiers, qui n’ont pas été blessés, se sont aussitôt rendus avec leur arme de service jusqu’au véhicule suspect. « M. Lafond avait les deux mains dans les airs. Il a dit : “Tire-moi, tire-moi, je ne veux pas me pendre en prison”. »
« SANG-FROID » DES POLICIERS
Ce que les patrouilleurs ignoraient, c’est que Lafond venait d’envoyer ce matin-là un message texte « assez inquiétant » à son ex, soit qu’il s’agissait de « la journée du massacre ».
Le juge Christian Boulet a salué « le sang-froid » des deux agents.
« Dans les circonstances, ils ont neutralisé d’autres opérations qui auraient pu avoir des conséquences désastreuses », a-t-il soulevé très prudemment.
Lafond a plaidé coupable à d’autres accusations, dont possession d’une arme prohibée, voies de fait et menaces. La peine de cinq ans est une suggestion commune de la Couronne et de la défense, entérinée par le juge.