Le Journal de Quebec

Doug Ford est le plus fort

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

C’était prévisible. Le premier ministre de l’ontario, qui ne fait pas dans la dentelle — c’est un trait de famille —, a fait voter la loi 57 qui met la hache dans la création de l’université de l’ontario français et dans le Commissari­at aux services en français.

Je n’ai jamais voulu être prophète de malheur lorsqu’à TLMEP, dans un échange « viril » avec l’ex-premier ministre Chrétien, qui assurait que sans le Canada les Québécois ne parleraien­t pas le français, j’ai lancé que la francophon­ie hors Québec disparaiss­ait.

À vrai dire, les francos hors Québec, qui se battent avec l’énergie du désespoir, sont en danger. En fait, c’est le multicultu­ralisme de Justin, le Canadien postnation­al, qui les menace. Comme il menace les Québécois francophon­es relégués aux yeux des Canadiens communauta­ristes à une minorité culturelle.

INCONSCIEN­CE

Dès lors, aucun incident n’est un détail. La perte de mémoire de la « soeur sourire » montréalai­se, expliquant qu’elle ne s’est pas rendu compte qu’elle parlait anglais en lieu et place du français dans un discours à caractère économique, n’est pas insignifia­nte. Comme dirait Freud, « Un cigare est parfois un cigare ». La mairesse de Montréal a révélé la puissance de son inconscien­t, qui la porterait à oublier la langue dans laquelle elle s’exprime.

Valérie Plante, adepte multicultu­raliste comme beaucoup de gens de la gauche urbanisée, est en un sens — et ce n’est pas outrancier de l’écrire — une alliée objective de Ford, l’ultraconse­rvateur qui, lui, confond les Chinois et les francophon­es de sa province, ce qui explique sa politique à l’égard de ces derniers. Si Ford possédait quelques connaissan­ces de l’histoire du Canada, il affirmerai­t sans doute que les Chinois, ayant travaillé sur les chantiers des voies ferrées, sont aussi un peuple fondateur du Canada a mari usque ad mare.

Il faut désormais comprendre qu’un trio conservate­ur lyrique, inspiré probableme­nt par leur idole John Diefenbake­r et composé des premiers ministres de l’ontario, de la Saskatchew­an et du Nouveau-brunswick, risque de faire des émules à la tête d’autres provinces.

HYPOCRITES

Justin Trudeau, l’adversaire acharné du Québec nationalis­te, le mondialist­e au grand coeur, découvre des politicien­s canadiens moins sexy, moins purs, mais moins hypocrites que lui et qui le dépassent sur son propre terrain politique.

D’ailleurs, Justin Trudeau ne peut pas reprocher à Doug Ford de ne pas aimer les immigrants. Le premier ministre ontarien les courtise avec succès. Les seuls qui lui posent un problème sont les francos.

Défendre les francophon­es hors Québec présume une sensibilit­é et une vision de l’histoire. Les multicultu­ralistes qui sévissent en nos contrées se retrouvent parmi les libéraux. Ils représente­nt une proportion importante de Québec solidaire et ils sont au pouvoir à l’hôtel de ville de Montréal.

Pendant ce temps, le chef intérimair­e du PQ empêche le premier ministre François Legault de souhaiter selon la tradition « Joyeux Noël » aux citoyens dans l’enceinte de l’assemblée nationale. « Une niaiserie » dont Pascal Bérubé s’est excusé. Mais toutes ces niaiseries additionné­es renvoient une image sombre de la vie politique à l’aube de 2019.

Le multinatio­nalisme menace tous les francophon­es.

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Doug Ford accompagné de Justin Trudeau

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