La télé des Fêtes
C’est fou comment certaines émissions de télé du temps des Fêtes font désormais authentiquement partie des traditions québécoises de Noël. Au moins autant que la dinde, la guignolée et les jeux de société avec un mononcle trop réchauffé pour comprendre les règlements.
Dans beaucoup de familles, c’est déjà commencé. On a hâte que l’arrivée de décembre nous procure le « droit » de regarder Le sapin a des boules pour la 200e fois. Dans certains couples, l’un des conjoints semonce l’autre pour qu’il partage ses larmes renouvelées devant Réellement l’amour. (Personnellement, j’ai toujours trouvé Quatre mariages et un enterrement meilleur...)
Et bientôt ce sera Ciné-cadeau. Astérix et Cléopâtre, Les Dalton et l’autre Luc, le petit dur de La Guerre des Tuques, qui viendront s’enregistrer sur notre terminal Illico, jusqu’à ce qu’on les efface en juin pour que ça vaille la peine de les réenregistrer en décembre prochain.
AUTHENTIQUE
C’est fou, quand même. Voilà une authentique tradition, somme toute assez récente et rassembleuse comme très peu, en cette ère où Netflix atomise les habitudes d’écoute. Si certaines émissions comme District 31, Révolution ou Fugueuse réalisent encore l’exploit de réunir plus d’un million d’auditeurs, on ne reverra plus des grandes messes comme La P’tite Vie à quatre millions de Québécois.
C’est fou, mais c’est sain. En cette époque où parler au « nous » devient de plus en plus piégeux, il y a quelque chose de rassurant dans le fait de savoir qu’un nombre incalculable de Québécois s’adonneront à ce plaisir qu’ils ont en commun et qui ne coûte rien. Celui de revoir des films qui rappellent tant de souvenirs.
Et sans oublier ce plaisir national, celui de chialer après le Bye Bye, qu’on regarde quand même tous les ans.
Dans ce monde parfois inquiétant, ça demeure satisfaisant de redécouvrir Maman j’ai raté l’avion à travers les yeux de nos enfants en mangeant du pain sandwich.