Le Journal de Quebec

40 000 $ et 15 ans de lutte juridique... pour rien

-

Travailleu­r blessé durant la crise du verglas, Jean-françois Benoît estime avoir perdu 15 ans et gaspillé 40 000 $ pour être dédommagé de ses séquelles, sans résultat.

Quand son médecin de famille a rouvert son dossier d’accident au début des années 2000, Jean-françois Benoît a commencé à colliger l’informatio­n auprès d’une foule de spécialist­es de plusieurs hôpitaux et cliniques du Québec.

« Ç’a été une job de fou », lance le survivant en entrevue.

Malgré tout, l’accidenté n’a jamais réussi à monter un dossier qui aurait satisfait la CSST dans les délais requis. Les nombreux rapports, déplacemen­ts et expertises supplément­aires coûteux n’ont rien changé au sort du plaignant.

DIFFICILE À PROUVER

« Les symptômes étaient un peu compliqués, explique Jean-françois Benoît. […] Ç’a été un long processus pour amener toutes les preuves médicales et les mettre en lien avec la blessure d’origine. »

M. Benoît compare ses démarches aux 12 travaux d’astérix, dont l’aboutissem­ent était pratiqueme­nt impossible.

La CSST lui donne beaucoup de procédures à enclencher et respecter. « Pour le simple travailleu­r, c’est souvent très ardu de comprendre », se plaint le principal intéressé.

En 2006, l’accidenté a mandaté – à ses frais – un avocat qui proposait une entente « anodine » à l’organisati­on pour qu’elle l’entérine sans négocier.

Mais Jean-françois Benoît a rejeté cette propositio­n, qui l’aurait laissé avec des miettes.

JUSQU’À LA COUR SUPRÊME

Devant l’impasse, Jean-françois Benoît a lui-même intenté une requête en Cour supérieure, qu’il a perdue contre la CSST, sa compagnie d’assurances et son ex-employeur. Il leur réclamait 5 M$ en dommages et intérêts.

« La CSST a compétence exclusive pour examiner et décider toute question visée dans la Loi sur les accidents de travail », peut-on lire dans le jugement.

Sa demande d’appel a également été déboutée.

Se représenta­nt toujours seul, Jean-françois Benoît a présenté son dossier en Cour suprême, mais la plus haute instance au pays a refusé d’entendre sa cause.

« J’étais découragé ! » souffle l’homme, néanmoins satisfait d’avoir tout tenté pour défendre ses droits.

À ses yeux, ce n’est qu’après avoir épuisé toutes ses démarches juridiques qu’il a enfin pu amorcer un nouveau chapitre de sa vie.

Newspapers in French

Newspapers from Canada