Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis une femme de 55 ans. Issue d’une famille avec une mère à tendance dépressive et un père qui compensait par un travail qui le prenait 10 h par jour, six jours par semaine, j’ai appris très vite à me débrouille­r seule pour satisfaire mes besoins. Née entre un frère aîné qui faisait la loi et un cadet coincé dans son homosexual­ité refoulée, rien ne fut facile.

Pour nous donner un semblant de vie familiale unie, je suis vite devenue la servante de ma mère, de qui je devais m’occuper à plein temps, en plus de voir à ce qu’il y ait quelque chose sur la table chaque soir et qu’on ait des vêtements propres pour l’école chaque matin. Mon enfance, je ne l’ai pas vue passer tellement je fus obligée tôt à prendre des responsabi­lités d’adulte.

J’ai fait des études de technicien­ne en laboratoir­e, un métier où j’ai excellé. Mais, jusqu’au décès de ma mère, il y a dix ans, j’avais fait une croix sur une possible vie à deux et surtout sur la pensée d’avoir moi-même des enfants. Il faut dire aussi que je n’ai jamais rencontré un homme avec qui l’envie de partager mon quotidien était assez forte pour m’engager.

J’ai eu quelques amours sans lendemain et quelques autres d’un peu plus longues durées, mais j’ai toujours préféré demeurer seule dans mon appartemen­t. Je vous écris aujourd’hui parce qu’il m’arrive quelque chose d’assez inattendu vu l’âge que j’ai. J’ai rencontré, il y a un an, un homme un peu plus âgé que moi qui travaille dans mon domaine. C’est un père de trois enfants, eux aussi mariés et avec enfants, qu’il voit très peu depuis son divorce d’avec leur mère, qui l’a quitté pour un autre. Il lui en veut encore après cinq ans. Quand il aborde le sujet, sa colère est palpable.

Il insiste pour que nous fassions appartemen­t commun, mais surtout pour qu’on se marie. Je ne me sens pas prête à faire le grand saut avec lui. Malgré des qualités indéniable­s, il a quelques défauts qui m’empêchent d’avoir envie de sauter dans le vide. Comme sa précédente femme l’a toujours dorloté et qu’une des raisons invoquées pour son départ était qu’elle en avait marre d’être au service d’un homme dépendant et exigeant, ça me fait peur.

Depuis quelques mois, ses demandes en mariage se font pressantes. Je dirais même qu’elles sont presque toujours accompagné­es de menaces à peine voilées d’en choisir une autre plus disponible. Il veut sa femme à la maison pour sa prise de retraite, et j’ai de moins en moins envie de me mettre de nouveau au service de quelqu’un à temps plein. Même si mes amies de filles me disent que c’est la chance de ma vie qui me tombe dessus à un âge où les hommes se font rares. Je fais appel à vos lumières pour m’indiquer la route. Femme indécise qui a peur

Je ne prétends pas avoir la capacité de vous indiquer la route à suivre, mais je peux vous dire que certaines choses m’agacent chez ce monsieur. Vous dites en début de lettre que, cinq ans après son divorce, il en veut encore à son ex, ce qui ne dénote pas une grande capacité d’adaptation et vous met à risque de vous retrouver avec un radoteux. De plus, quand on aime quelqu’un, les pressions indues sont malvenues, et, à mes yeux, la menace qu’il vous fait d’en prendre une autre si vous n’obtempérez pas est encore pire. Si, rendu à son âge, il a besoin d’acculer quelqu’un au pied du mur pour parvenir à ses fins, ça prouve qu’il manque d’un minimum de maturité. Méfiez-vous de votre longue habitude à jouer les mères Teresa, et demandez-vous pourquoi ses enfants le voient peu ? La réponse à ces deux questions risque de vous indiquer la décision à prendre.

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