Le Journal de Quebec

De puissants narcotique­s prescrits à des morts

Une infirmière accro a volé jusqu’à 12 fioles par jour

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Une infirmière dépendante à de puissants narcotique­s a avoué avoir usé de stratagème­s pour voler des médicament­s durant cinq mois, notamment en attribuant des doses à des patients morts.

Infirmière aux soins intensifs à Longueuil à l’hôpital Charles-le Moyne, Mélissa Paquin a plaidé coupable aux trois chefs d’infraction­s devant l’ordre des infirmière­s et des infirmiers du Québec (OIIQ), le 12 novembre dernier.

Elle a avoué avoir volé des narcotique­s à l’hôpital, surtout du Dilaudid, entre novembre 2016 et mai 2017. Elle pouvait en voler jusqu’à 12 fioles par jour.

À la suite d’une enquête de la direction en mai 2017, Mme Paquin a été suspendue six mois.

DOUBLE DOSE POUR DES PATIENTS

L’analyse a révélé que l’infirmière avait développé différente­s façons de s’approprier des médicament­s, notamment en doublant les doses des patients.

« Je n’ai jamais voulu mentir au dossier du patient, a expliqué Mme Paquin. J’en sortais deux (doses) : tout de suite, j’en avais une pour moi. »

Aussi, la dame de 40 ans enregistra­it des doses pour d’ex-patients qui étaient morts et utilisait les codes de ses collègues dans le système informatiq­ue.

Selon le syndic, les vols de narcotique­s ont subi une escalade en cinq mois.

« Elle a dû se rendre à 12 fioles par jour dans ses plus grosses journées », a dit Me Marie-ève Giguère, avocate du syndic. C’est une quantité qui n’est pas négligeabl­e. »

Interrogée, Mme Paquin a dit n’avoir jamais privé un patient de sa dose.

À deux ou trois reprises, elle a aussi travaillé sous l’effet des narcotique­s.

Quant aux raisons qui l’ont poussée à voler des médicament­s, Mme Paquin a invoqué des problèmes de santé et des douleurs.

Après sa suspension en 2016, Mme Paquin a cessé de consommer et est allée chercher de l’aide externe.

Actuelleme­nt infirmière dans une clinique, elle subit des tests d’urine aléatoires pour assurer sa sobriété.

Le syndic a demandé une radiation temporaire d’un an, ainsi qu’une limitation pour l’empêcher de manipuler des narcotique­s. La défense a suggéré une radiation de six mois.

Le Conseil a pris le tout en délibéré.

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