Ils se font voler leurs dons
À deux semaines de Noël, des organismes qui viennent en aide aux démunis sont ciblés par des voleurs
Des voleurs « sans scrupules » pigent jour après jour à leur guise dans des boîtes de dons destinés aux personnes démunies de Québec, s’indignent des responsables d’organismes communautaires, dont la mission fondamentale est minée par ces cambriolages.
À deux semaines de Noël, les organismes s’attendent tous à un élan de générosité de la part de la population.
Mais les risques sont élevés pour que la vaisselle, les meubles, les vêtements, les livres et les jouets déposés dans les boîtes de dons n’arrivent jamais entre les mains des gens dans le besoin.
« C’est arrivé pas plus tard que [samedi]. Et la veille, il a fallu sortir pour dire aux gens d’arrêter de fouiller dans les boîtes et leur dire que ça appartient à l’armée du Salut », raconte le directeur de l’armée du Salut de Québec, Serge Descoeurs.
« On avertit les clients de ne rien laisser dehors, sinon on se fait voler au fur et à mesure, affirme la gérante des comptoirs de la Société Saint-vincent-de-paul (SSVP) à Beauport, Lise Huot. S’il y en a qui laissent un don le soir après la fermeture, c’est évident que le lendemain matin, ce n’est plus là. »
Et encore, la présence de bénévoles freine à peine les ardeurs des voleurs. « C’est tout le temps, même pendant qu’on est là. Si quelqu’un vient déposer un don dehors et qu’il ne vient pas nous le dire, il y a sûrement quelqu’un qui guette et qui ramasse à mesure », affirme Mme Huot.
TOUJOURS LES MÊMES
Les bénévoles d’organismes comme la SSVP, l’armée du Salut ou Entraide Agapè en viennent à reconnaître les camions et parfois les individus, qui rôdent autour des boîtes de dons.
« Il y a un monsieur qui vient avec son camion tous les dimanches, quatre ou cinq fois dans la journée. Il se stationne et attend que les gens mettent des choses », raconte Lise Huot, impliquée depuis près de 20 ans à la SSVP. « La police ne fait rien » pour prévenir ces vols, regrettet-elle, bien qu’elle comprenne que « les policiers ne peuvent pas être stationnés devant [leur] entrée non plus ».
Le directeur général d’entraide Agapè, Daniel Régimbal, a bien tenté de raisonner des pilleurs. Il a même offert à certains de revenir pendant l’ouverture pour qu’il puisse leur offrir des dons complets, en vain.
« Ils n’ont aucun scrupule. Ils nous envoient promener et deviennent agressifs. […] On le sait que certains en font le commerce », dit-il, ajoutant que les malfaiteurs « font plusieurs endroits » à chaque sortie.
MANQUE DE SOLUTIONS
« On cherche des solutions. On pense faire poser des caméras. Mais notre argent n’est pas voué à mettre des installations sur le bâtiment. C’est pour faire des dons, c’est ça, la mission de base », explique M. Régimbal.
Pour contrer ces actes répréhensibles, la SSVP a opté pour une boîte qui donne directement dans la bâtisse, de sorte que les articles ne restent pas à l’extérieur.
« Mais il y a des gens qui font rentrer des enfants dans ces trappes-là pour venir chercher des choses », s’attriste Lise Huot.
Ce scénario est « fréquent », confirme avec désarroi Serge Descoeurs, qui a vu des voleurs munis de pinces télescopiques pour piger dans les caisses de dons.
AUCUNE PLAINTE REÇUE
Le Service de police de la Ville de Québec indique n’avoir reçu durant le mois de novembre aucune plainte relative à des vols dans les boîtes de dons de la SSVP, d’entraide Agapè ou de l’armée du Salut.
« Ça prend une plainte pour pouvoir faire une enquête. C’est important de nous signaler ces cas-là, même si certains peuvent penser que ça ne vaut pas la peine », indique la porte-parole du corps policier Cyndi Paré.
« Si vous voyez quelque chose, ne vous gênez pas [pour] le dénoncer à la police, invite Serge Descoeurs. Si tout le monde met la main à la pâte, les voleurs vont remarquer que, là, il y a de la surveillance. »