QS écarte les médias
Ce n’est pas la première fois que les militants de Québec solidaire expulsent les médias de certains de leurs débats au contenu des plus bouillants.
Cela a été de nouveau le cas dimanche dernier lorsque la question explosive de la laïcité et des signes religieux s’est posée. Il faut préciser que l’interdiction de la présence des journalistes dans certains ateliers a déjà existé, mais il s’agissait dimanche des échanges en assemblée générale. Tous les journalistes ont dû alors quitter la salle.
Notons aussi que Manon Massé et Gabriel Nadeau-dubois ne s’opposaient pas à la présence des médias. « Il y a des gens qui souhaitent discuter sans que leurs propos se ramassent à la une du bulletin de nouvelles. Il faut respecter cela », a déclaré GND, le leader parlementaire.
Les militants ont donc voté majoritairement contre la présence des journalistes. Cela confirme une tendance de Québec solidaire qui veut faire une politique radicalement différente de celle de tous les partis modérés qui existent dans nos démocraties. Les médias sont la bête noire de QS qui s’en méfie ou les méprise.
QS étant un parti fortement idéologique, il a une histoire déjà trouble avec les médias en général. Le fameux programme du parti a été modifié constamment sur le site officiel de QS. On l’a réécrit dans une langue dont seuls les initiés peuvent vraiment déchiffrer le contenu.
PROJECTION PSYCHOLOGIQUE
Les exégètes de la pensée de QS, qui s’activent dans l’ombre, sont des spécialistes du vocabulaire expurgé des scories qui pourraient donner des armes à leurs contradicteurs, comme les journalistes politiques par exemple. Ils connaissent les mots tabous, tournent en dérision leurs adversaires de la CAQ en les qualifiant d’idéologues, qualifica- tif qui s’applique bien sûr à eux. Un cas classique de projection psychologique.
Il ne faut pas un diplôme en sciences politiques pour classer le programme officiel de QS en texte idéologique. La CAQ ne peut être qualifiée de parti idéologique, car c’est une formation qui surfe sur le pragmatisme. Ses valeurs sont un mélange de droite économique et de centre sur le plan social. Et l’état intervient dans nombre de domaines.
AGACEMENTS
Les agacements de QS face aux médias sont aussi à géométrie variable. Ainsi, Catherine Dorion et son collègue Sol Zanetti se sont prêté avec empressement à une séance photo « peuple », genre 7 Jours, en habits officiels décomplexés. N’est-ce pas là une façon évidente d’utiliser les médias à leur profit ?
Or les militants de QS ne décolèrent pas lorsque les chroniqueurs politiques tout en exerçant leur métier critiquent leurs idées et mettent en lumière leurs contradictions.
Tous les partisans d’une conception autoritaire ou révolutionnaire de la « vieille politique » flirtent avec l’idée de contrôler les médias. QS n’y échappe pas. Au contraire, toujours grisés de leur victoire du 1er octobre, s’autoproclamant l’opposition officielle au Parlement de Québec, les troupes de QS et les dirigeants officiels aiment les journalistes qui les encensent et diabolisent ceux qui pratiquent leur métier à visage découvert. Cela promet pour les années à venir.