Le Journal de Quebec

Le peuple, c’est moi

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

« Le peuple, c’est moi ». À la manière de la célèbre formule royale – L’état, c’est moi –, chez Québec solidaire (QS), on semble convaincu d’être l’unique voix du « vrai » peuple québécois. Comme quoi, la droite n’a pas le monopole du populisme.

Réunis en fin de semaine en Conseil national, les solidaires ont vu grand. Très grand. Trop grand. Selon la chef parlementa­ire, Manon Massé, QS est la « vraie opposition » au gouverneme­nt caquiste. D’après ses dirigeants, il formerait même un véritable « mouvement populaire ».

Mieux encore, dixit Mme Massé, QS « va former le premier gouverneme­nt solidaire de l’histoire, celui qui mènera le Québec à son indépendan­ce ». S’il vous plaît, n’en jetez plus. La Cour des Miracles est pleine.

Québec solidaire a beau talonner un Parti québécois en plein déclin, la réalité est ce qu’elle est. Sur les quatre partis siégeant à l’assemblée nationale, QS ferme la marche au quatrième rang. Et ce, plus de dix ans après sa formation.

Surtout, le fait est qu’aucun parti politique ne représente à lui seul le « peuple » québécois. Comme toutes les sociétés, le Québec et les Québécois sont multiples. Cela dit, au fil des ans, la progressio­n du parti est réelle. Les soli- daires sont cependant loin de former un mouvement populaire.

DIVISIONS

Après s’être érigés en modèles d’« ouverture à l’autre », les solidaires devront aussi prendre bonne note des divisions au sein de leurs propres rangs sur la question épineuse des signes religieux dans la fonction publique. Voter pour exclure les médias de leurs débats n’y changera rien.

Bref, après leur pétage excessif de bretelles, les solidaires ont besoin d’une bonne dose d’humilité. Sinon, à force de verser dans la démesure pompeuse, au lieu de gagner de nouveaux appuis, QS risque d’en perdre.

Et que dire du pseudo-débat sur la tenue vestimenta­ire ultra décontract­ée de sa députée vedette, Catherine Dorion ? L’opération de marketing politique est évidente. Son effet, lui, est moins réussi. Au détriment des idées de la principale intéressée, on ne parle que de ça.

GROS SCANDALE

Gros scandale, paraît-il. Elle s’est présentée au parlement en t-shirt arborant le nom de Patrice Desbiens, poète franco-ontarien renommé. Le message de solidarité était puissant. Ironiqueme­nt, le t-shirt a fini par occulter le tout. La députée a pourtant prononcé un discours inspirant.

Mme Dorion y parle de solitude, de vieillesse, de tristesse, d’individual­isme et d’atomisatio­n. Le problème, rappelle-t-elle, est que les rapports sociaux sont le principal indicateur de notre santé présente et future. C’est quand la dernière fois qu’un élu vous a parlé des ravages de l’« atomisatio­n » et de la solitude ?

Le propos n’est pas jojo, mais il est lucide. Elle a aussi parlé de culture dans son sens le plus organique. Celle qui n’existe vraiment que lorsqu’elle est partagée et nous aide à mieux vivre. Elle a également dénoncé les vies de fous qu’on mène pour récolter des « peanuts de vacances par année ». Que celui ou celle qui ne s’y reconnaît pas lève la main…

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Aucun parti politique ne représente à lui seul le « peuple » québécois.

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