Le Journal de Quebec

Des affaires d’or pour les pétrolière­s

Les consommate­urs québécois paient l’essence au moins 10 cents de trop

- PIERRE COUTURE

Le prix de l’essence s’affichait hier à au moins 10 cents de plus le litre au Québec que le marché de référence Nymex de New York, a constaté Le Journal. Les marges de raffinage sont pointées du doigt.

Les données publiées hier matin par la Régie de l’énergie ont fait sourciller de nombreux automobili­stes alors que le coût d’acquisitio­n d’un litre d’essence ordinaire avant taxes s’élevait à 62,7 cents pour un détaillant québécois.

Or, à New York, le même coût d’acquisitio­n s’élevait plutôt à 52,2 cents CA pour les raffineurs et les grossistes selon le marché de référence Nymex pour l’essence raffinée.

À la fermeture des marchés vendredi soir, un gallon d’essence raffinée s’échangeait à 1,485 $ US à la Bourse Nymex, l’indice de référence de l’industrie.

Avec le taux de change et la conversion des quantités (1 galon équivaut à 3,79 litres), le litre d’essence raffiné revenait à 52,2 cents CA.

Hier, à la Bourse Nymex, le prix de l’essence raffinée a poursuivi sa descente, terminant à 1,418 $ US le gallon, soit 50,1 cents CA le litre.

LES RAFFINEURS ENCAISSENT

À cet écart de prix, il faut ajouter également la variable des sources d’approvisio­nnement.

Les deux raffinerie­s au Québec, soit Valero de Lévis et Suncor de Montréal-est, s’alimentent maintenant à plus de 50 % en pétrole canadien, selon des données fournies par l’office national de l’énergie (ONÉ).

Or, l’indice de référence Nymex de New York ne tient pas compte de cette réalité canadienne.

Le marché de référence Nymex est calculé à partir d’un baril de type West Texas Intermedia­te (WTI) qui cotait hier à 51 $ US comparativ­ement à 27,61 $ US pour le Western Canadien Select (WCS) de l’ouest canadien.

« Disons que les raffineurs font en ce moment de très bonnes affaires au Canada », a résumé hier l’analyste pour le site gasbuddy.com, Dan Mcteague.

Selon ce dernier, la marge moyenne de raffinage au Québec s’élevait à plus de 16 cents par litre hier.

En 2012, la marge annuelle de raffinage sur l’essence s’était plutôt élevée à 8,5 cents le litre au Québec avec un baril à plus de 90 $ US.

MARGES DES PÉTROLIÈRE­S

Alors, comment savoir si les marges de raffinage des deux raffinerie­s québécoise­s suivent celles observées ailleurs en Amérique du Nord ?

Impossible de le savoir, puisque depuis juin dernier, la Régie de l’énergie a décidé de ne plus publier la marge de raffinage sur l’essence empochée par les pétrolière­s au Québec, camouflant ainsi aux consommate­urs l’une des plus importante­s variables des fortes fluctuatio­ns du prix de l’essence à la pompe.

La Régie ne détient aucun pouvoir pour vérifier si les prix transmis par les raffineurs et les grossistes au Québec sont les bons.

C’est uniquement à partir de ces données obtenues de l’industrie que la Régie publie quotidienn­ement un relevé sur les coûts d’acquisitio­n d’un litre d’essence.

Hier, selon les données publiées par la Régie de l’énergie, il en coûtait à un détaillant en moyenne 1,065 $ avec les taxes pour acquérir un litre d’essence ordinaire au Québec.

 ??  ?? PHOTO COURTOISIE Dans la région de Montréal, des détaillant­s affichaien­t le litre à 1,16 $, hier, alors que le coût d’acquisitio­n avait été fixé à 1,096 $. C’était le cas dans cette station Ultramar, au coin du boulevard Simard et de l’avenue Victoria, à Saint-lambert, sur la Rive-sud.
PHOTO COURTOISIE Dans la région de Montréal, des détaillant­s affichaien­t le litre à 1,16 $, hier, alors que le coût d’acquisitio­n avait été fixé à 1,096 $. C’était le cas dans cette station Ultramar, au coin du boulevard Simard et de l’avenue Victoria, à Saint-lambert, sur la Rive-sud.

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