Simon Gagné songe à prêter son corps à la science
Victime de huit commotions durant sa carrière, l’ancien joueur de hockey participera à un projet de recherche
L’ancien attaquant des Flyers de Philadelphie Simon Gagné songe à prêter son corps à la science dans le cadre d’un nouveau projet de recherche visant à prédire les répercussions des commotions cérébrales à long terme, une première au Québec.
Après avoir été victime d’au moins huit commotions cérébrales au cours de sa carrière dans la LNH, Simon Gagné aimerait aujourd’hui savoir ce que lui réserve l’avenir.
C’est d’ailleurs exactement sur quoi portera le prochain projet de recherche de la Fondation du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec.
Dès 2019, des chercheurs tenteront d’identifier sur des sportifs des « biomarqueurs », que ce soit par le sang ou la peau, permettant de prédire notamment l’apparition de l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une atteinte neurodégénérative associée aux commotions cérébrales.
Pour ce faire, des dizaines de sportifs ayant subi des commotions cérébrales seront « testés » par les chercheurs.
« C’EST FREAKANT UN PEU »
Même s’il admet avoir plusieurs inquiétudes quant aux résultats de ces éventuels tests, Simon Gagné aimerait s’y prêter, pour la santé de son garçon, qui pratique aussi le hockey.
« C’est freakant un peu. Je n’ai pas de boule de cristal pour savoir ce qui va se passer de mon côté, mais si ça peut en aider d’autres qui pratiquent le même sport », affirme l’ex-hockeyeur professionnel de 38 ans.
L’objectif ultime du projet de recherche est de pouvoir un jour traiter les athlètes qui ont subi des commotions répétées, afin qu’ils ne développent pas L’ETC, affirme le chercheur et neurologue Nicolas Dupré.
« Ce qu’on va vouloir faire, c’est de détecter les premiers signes de déposition de la protéine TAU dans le cerveau [des scientifiques ont démontré que L’ETC résultait d’une accumulation de cette protéine dans le cerveau], pour dépister la maladie avant que les conséquences arrivent », explique le Dr Dupré, qui dirigera les recherches.
L’identification de « biomarqueurs » permettra aussi de connaître l’ampleur des effets des commotions cérébrales sur la qualité de vie future des sportifs.
« Ça nous permettra de savoir si on peut revenir au jeu, et quand, ou encore s’il [le sportif] a franchi la frontière et qu’il doit se retirer du jeu de façon définitive », poursuit le neurologue.
À ce jour, seule une autopsie du cerveau peut permettre de diagnostiquer l’encéphalopathie traumatique chronique.
MICHEL LAPLANTE AUSSI
Selon des informations obtenues par Le Journal, d’autres sportifs de renom se mobiliseront pour la cause, dont le président des Capitales de Québec, Michel Laplante, qui a été sévèrement touché par une commotion cérébrale le 4 septembre 2016 au Nouveau-brunswick, lorsque l’hélicoptère dans lequel il prenait place s’est écrasé.
L’accident a coûté la vie au pilote Frédérick Decoste ainsi qu’au chanteur Bob Bissonnette.
La Fondation du CHU de Québec devrait dévoiler tous les détails du projet de recherche, en février prochain.
« J’AI FAIT BEAUCOUP DE COMMOTIONS DANS MA CARRIÈRE ET MÊME EN 2018, C’EST UN SUJET [LES COMMOTIONS CÉRÉBRALES] QUI N’EST PAS ENCORE CLAIR ET NET. » – Simon Gagné, ancien attaquant des Flyers de Philadelphie
« Il y a encore tellement de zonesgrises lorsqu’il est question de commotions cérébrales.on dirait que les plans sont abstraits lorsqu’on a une commotionet ça, j’ai trouvé ça difficile. » –Michel La plante, président des Capitales dequébec