QS a volé le show
Un vent de changement a poussé la CAQ au pouvoir dans une élection historique, mais d’autres porteurs de changement, les élus de Québec solidaire, ont occupé une large part de l’espace médiatique grâce à quelques numéros (coups d’éclat) polarisants.
Il y a eu le débat entourant l’achat d’une Subaru Crosstrek par la députée de Taschereau, Catherine Dorion, pourtant à ce point farouche opposante aux projets autoroutiers qu’elle dépeint le troisième lien comme l’antéchrist.
Quelques semaines auparavant, elle avait d’ailleurs mis en scène des Européens répétant « le troisième lien, c’est de la marde », des gens qui n’ont pas la moindre idée de ce dont il peut s’agir, dans une vidéo au goût et à la pertinence hautement discutables.
Puis, avec son collègue de Jean-lesage, Sol Zanetti, ils ont défié les traditions de l’assemblée nationale en bafouant le code vestimentaire convenu, mais défini de façon trop vague dans les règles parlementaires.
Il y avait déjà eu jeans, espadrilles et bottes iconiques punk Dr Martens sur le parquet, gracieuseté des solidaires.
Pour en rajouter une couche, Catherine Dorion a poussé le bouchon en prononçant un discours vêtue d’un t-shirt à l’effigie d’un poète franco-ontarien au Salon bleu.
TOUTE LA PLACE
À son accoutrement full cool, on aurait pu croire qu’elle parlait dans une polyvalente.
Partout, dans les chroniques, dans les tribunes, les bravades de QS ont suscité tantôt la curiosité, tantôt l’admiration, ou encore, le mépris. Mais surtout, tout le monde avait son opinion sur la question.
Pendant ce temps, le PLQ, rompu à la gouvernance, se cherche une identité dans l’opposition. Qui suis-je, docteur ?
Et les députés péquistes ne se sont pas complètement remis du brutal K.O. subi le 1er octobre.
Manon Massé avait provoqué la colère des libéraux au lendemain de l’élection quand elle avait proclamé QS véritable opposition officielle, du haut de ses 10 députés.
Mais la formation de gauche a tellement fait les manchettes que certaines personnes ont pu la percevoir comme telle.
En conseil national le week-end dernier, Gabriel Nadeau-dubois a prévenu qu’il fallait s’habituer et a lancé que QS prendrait aussi « la rue ». Il ne faut pas être dupe. Sous couvert d’authenticité et d’anticonformisme se cache une certaine manipulation. Les stratèges solidaires jouent la carte du « vrai peuple » versus l’élite à fond la caisse. Ils s’amusent à « botte la canisse » au parlement en adoptant une attitude de type « Tasse-toi mononcle ».
LA GRANDE ARNAQUE ROCK’N’ROLL ?
Pour rester dans l’analogie de la culture punk, on pourrait penser aux Sex Pistols, groupe anarchiste anglais qui se voulait le reflet de la jeunesse rebelle crachant au visage de la reine, à la fin des années 1970, mais qui relevait davantage de la supercherie montée de toute pièce par un gérant maître de l’image !
Qui est le vrai chef de Québec solidaire ? a demandé malhabilement Jean-françois Lisée dans le crucial débat télévisé de TVA en campagne électorale, pour soulever la question de la gouvernance du parti de gauche.
Et si c’était un génie générateur de controverses comme Malcolm Mclaren ?