Le Journal de Quebec

Le gouverneme­nt fédéral refuse de s’engager à taxer Airbnb

Les ministres du Tourisme à Québec et à Ottawa conciliant­es face au géant du web

- PHILIPPE ORFALI

Après Netflix, c’est au tour de la plateforme de location de logements Airbnb de venir hanter Mélanie Joly. La ministre du Tourisme refuse de dire pour l’instant si son gouverneme­nt va taxer l’entreprise et les particulie­rs qui y font appel.

La pression monte envers Ottawa pour réglemente­r le lucratif marché du « partage » de maisons.

Comme de plus en plus d’états, le Québec et la Colombie-britanniqu­e perçoivent la taxe de vente sur certains séjours. Mais l’industrie hôtelière aimerait que le gouverneme­nt aille bien plus loin.

Il faut qu’ottawa oblige Airbnb et les autres sites du genre à verser les taxes de vente prélevées par leurs hôtes sur tous les séjours et à payer des impôts sur les sociétés au Canada, insistent les principaux regroupeme­nts hôteliers au pays.

Sauf que pour l’instant, Ottawa ne veut pas s’engager en ce sens.

Mme Joly refuse de dire si elle juge qu’airbnb devrait être taxé.

« C’est une décision qui va être prise par le ministère des Finances », a-t-elle dit.

Une position qui n’est pas sans rappeler celle qu’elle tenait au Patrimoine. Elle avait alors été vertement critiquée pour la décision de son gouverneme­nt de ne pas imposer de taxes ni d’impôts au service de télévision Netflix.

« Il faut trouver un équilibre entre l’innovation et l’équité » envers l’industrie hôtelière traditionn­elle, a-t-elle affirmé, en marge d’une allocution à la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, où elle a présenté les détails d’une étude sur le tourisme au pays.

« Il va de soi qu’il ne peut pas y avoir de passe-droits pour Airbnb. »

D’ailleurs, Airbnb s’est exprimé publiqueme­nt à ce sujet. « Nous voulons être réglementé­s », a plaidé l’entreprise lors d’une présentati­on prébudgéta­ire au comité des finances de la Chambre des communes, à l’été.

La société a toutefois demandé un cadre réglementa­ire fédéral différent de l’industrie hôtelière.

PAREIL POUR CAROLINE PROULX

En entrevue avec Le Journal, la ministre caquiste du Tourisme, Caroline Proulx, n’a pour sa part pas voulu s’avancer sur les attentes ou les engagement­s de son gouverneme­nt en matière de taxation envers Airbnb.

À l’heure actuelle, les Québécois qui louent une chambre ou leur demeure entière n’ont pas à percevoir la TPS si leurs activités sur Airbnb génèrent moins de 30 000 $ de revenus.

Sans dire si elle comptait aller plus loin, elle a néanmoins affirmé qu’elle avait récemment rencontré la direction de l’entreprise américaine.

« Je suis la première ministre du Tourisme à avoir rencontré l’entreprise », a-t-elle affirmé.

« [TAXER AIRBNB], C’EST UNE DÉCISION QUI VA ÊTRE PRISE PAR LE MINISTÈRE DES FINANCES »

– La ministre fédérale du Tourisme, Mélanie Joly

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? Les plateforme­s comme Airbnb n’ont pas à émettre de T4 pour leurs « hôtes » et elles ne paient pas d’impôt, car elles n’ont pas de présence physique au Canada. Sur la photo, la ministre Mélanie Joly prononçant un discours, il y a quelques mois, à Montréal.
PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Les plateforme­s comme Airbnb n’ont pas à émettre de T4 pour leurs « hôtes » et elles ne paient pas d’impôt, car elles n’ont pas de présence physique au Canada. Sur la photo, la ministre Mélanie Joly prononçant un discours, il y a quelques mois, à Montréal.

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