Fortifié par une fracture
Privé des Jeux de Rio, Arthur Margelidon est en lice pour ceux de 2020
À deux semaines des Jeux olympiques de Rio, une fracture à un bras l’avait forcé à se désister. Le judo doit enseigner drôlement bien à se relever puisqu’arthur Margelidon est revenu dans l’élite mondiale et s’affiche comme l’un des principaux candidats à Tokyo en 2020.
Dévasté, c’est le qualificatif qu’emprunte encore aujourd’hui le Montréalais quand il se revoit sur le tatami du centre national d’entraînement du stade olympique, en ce jour de juillet 2016.
Dans un mouvement répété des milliers de fois à l’entraînement, son bras droit s’était mal positionné au moment de projeter son partenaire au sol. Résultat : fracture du radius et bye bye Rio.
Margelidon en parle encore avec un pincement au coeur.
« Il a fallu que je me dise que j’avais seulement 22 ans, que j’étais jeune et avec toute la vie devant moi. J’avais le choix. Tout ce que cette expérience pouvait faire, c’était me construire de façon positive ou m’anéantir. J’ai décidé de la prendre en me disant que j’allais avoir une seconde chance et que ça aura servi à construire ma personne. Il y a le judo, mais ensuite, il y a aussi la vie. Vivre une expérience comme celle-là, ça te prépare à n’importe quelle éventualité, j’en suis sûr », partage avec sagesse l’athlète de 25 ans, né à Paris et immigré à Montréal avec ses parents à l’âge de 9 mois. DES RÉSULTATS CONSTANTS
Margelidon attaquera le Masters de Guangzhou, samedi en Chine, au neuvième rang mondial chez les 73 kilos.
Son classement actuel le placerait parmi les qualifiés pour les prochains Jeux, mais cette statistique demeure provisoire puisque le processus de sélection se poursuit jusqu’en 2020.
Son rendement illustre néanmoins sa capacité à renaître après un malheur. En 11 résultats obtenus à des tournois internationaux depuis décembre 2016, huit l’ont situé dans le top 5, dont quatre podiums.
Cette fracture maudite à son bras droit semble avoir construit un nouveau judoka.
« Peut-être que ça a développé une envie d’aller chercher plus. Ça a fait de moi une meilleure personne et un meilleur athlète. J’ai réalisé que j’étais capable de performer au plus haut niveau. » « LE JOUR LE PLUS DUR »
L’étudiant en kinésiologie à L’UQAM a retrouvé ses ambitions d’obtenir un jour une médaille olympique. Le mauvais épisode de 2016 l’a privé d’une première chance, mais sa reconstruction morale a débuté justement durant les Jeux de Rio.
Exclu malgré lui de l’équipe canadienne, il a tout de même accompagné au Brésil ses parents, qui avaient depuis longtemps défrayé les coûts de transport et d’hébergement pour assister au tournoi de leur fils.
Ce lundi 8 août 2016, durant la compétition de la catégorie des -73 kilos, un athlète avec le bras droit dans un plâtre avait trouvé cette journée très difficile.
« J’étais dans les estrades, mais j’aurais voulu être sur le tapis. Ça a été le jour le plus dur. Je n’étais vraiment pas bien. Ensuite, mon père et moi, on a parlé. Il m’a dit : “tu vois, c’est fini, on met ça derrière et on passe à la prochaine étape”. Alors ce jour-là, je venais déjà d’entrer dans le processus olympique pour les Jeux suivants.
« Ma préparation pour les Jeux de 2020 venait de débuter. »