« Je vais continuer à me défendre »
Les 13 autres plaintes contre le fondateur de Juste pour rire ont toutes été rejetées
Gilbert Rozon devra finalement faire face à la justice criminelle pour un viol qu’il aurait commis en 1979 sur une femme dont la plainte a été retenue, contrairement à 13 autres qui ont été rejetées.
« Nous sommes soulagées, même si je pense que des améliorations doivent être apportées au système de justice », a déclaré hier la comédienne Patricia Tulasne, l’une de ces 13 plaignantes.
Mme Tulasne fait partie d’un groupe de femmes qui avaient publiquement dénoncé le fondateur de Juste pour rire en l’accusant d’être un prédateur sexuel.
Elles étaient finalement 14 à avoir porté plainte à la police, mais depuis lundi, 13 d’entre elles ont été rencontrées par la Couronne pour se faire expliquer que la preuve ne suffisait pas à accuser Rozon.
La dernière plaignante s’est toutefois fait dire que des accusations pourraient être déposées dans son cas. Même en sachant que sa plainte serait la seule à aller de l’avant, la femme a accepté de poursuivre le processus judiciaire.
Elle ne faisait pas partie du collectif Les Courageuses quand celles-ci ont intenté une action collective de plus de 10 millions de dollars contre Gilbert Rozon.
ACCUSÉ DE VIOL
L’ancien grand patron de Juste pour rire a ainsi été accusé hier de viol et d’attentat à la pudeur pour des événements qui seraient survenus à Saint-sauveur, en 1979, soit l’année où il a obtenu son diplôme en droit.
Il n’était alors ni riche ni puissant, puisque son premier festival a été créé en 1980.
Contrairement à ce qu’avait avancé Le Journal hier après avoir appris que les plaintes des Courageuses ne donneraient pas lieu à des accusations, Rozon risque dorénavant la prison s’il est déclaré coupable.
Compte tenu des lois en vigueur à l’époque des crimes allégués, la peine maxi- male pour viol est la prison à vie, mais il n’y a pas de minimum.
LÉGER BAUME
Le dépôt d’une accusation concernant une victime vient mettre un léger baume sur les autres plaignantes. Hier, en entrevue à QUB radio, Mme Tulasne avait confié se sentir impuissante face à la situation.
« On nous dit “dénoncez, dénoncez” et “bravo, c’est formidable de dénoncer”, avait-elle dit. Et on se retrouve face à un procureur qui nous dit qu’il ne peut rien faire. Donc, à quoi ça sert ? »
Martine Roy, l’ex-belle-soeur de Rozon qui affirme aussi être une victime, craint que des victimes ne se sentent pas écoutées.
« Une chance qu’il y a des accusations, a-t-elle ajouté. Ça démontre qu’au moins il y a une justice. Elle n’est pas parfaite, mais mon Dieu ! Je me demandais là... elle était où la justice. »
Gilbert Rozon comparaîtra à la Cour le 22 janvier. D’ici là, il devra fournir ses empreintes digitales en vertu de la Loi sur l’identification des criminels.