Le Journal de Quebec

C’est quoi, le féminisme ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Hier, la chroniqueu­se du Devoir Francine Pelletier a écrit que si autant de gens ont critiqué la tenue vestimenta­ire de Catherine Dorion au salon Bleu, c’est parce que la députée de Québec solidaire est une femme. DES PETITS ÊTRES FRAGILES

Des féministes ont sorti le même argument lors de l’affaire Safia Nolin.

Si les gens ont tant critiqué les vêtements que la chanteuse portait lors du Gala de L’ADISQ, c’est parce qu’elle est une femme.

C’est, bien sûr, totalement et complèteme­nt faux.

Au fil des ans, on a autant critiqué les cheveux gras de Jean Leloup, les camisoles de Dan Bigras et le tour de taille de Gaétan Barrette que le t-shirt négligé de madame Nolin (qui, par ailleurs, est une excellente chanteuse).

Ce qui m’amène à la question quiz de la semaine : c’est quoi, le féminisme ? J’aimerais qu’on m’explique. Parce que, voyez-vous, j’ai toujours cru que l’idée de base du féminisme était de mettre les femmes sur le même pied d’égalité que les hommes.

Cesser de traiter les femmes comme des petites choses fragiles qui ne sont pas capables de se défendre.

On n’hésite pas à critiquer les hommes ? Eh bien, on n’hésitera pas à critiquer les femmes. C’est aussi ça, l’égalité. Féliciter également, récompense­r également et critiquer également. Sans tenir compte de ce que la personne a (ou n’a pas) entre les deux jambes.

Égaux dans le positif comme dans le négatif.

Dans le succès comme dans l’échec.

On n’a pas le droit de critiquer les femmes, maintenant ?

UNE VISION CONDESCEND­ANTE

Or, le féminisme prôné par madame Pelletier est tout, sauf ça.

C’est l’équivalent idéologiqu­e de la galanterie.

On a le droit de féliciter les femmes, mais pas de les critiquer.

Et moi qui pensais que les féministes détestaien­t le concept de galanterie, qu’elles associaien­t à une forme de paternalis­me et de condescend­ance !

Décidez-vous, mesdames : on a le droit de vous critiquer ou pas ?

On vous traite comme on traite les hommes ou non ?

Pas drôle, d’être un militant crinqué : vous voyez votre cause partout.

Quelqu’un critique la déclaratio­n d’une ministre ? C’est parce qu’elle est une femme !

Le film Selma, sur la vie de Martin Luther King, n’a pas reçu l’oscar du meilleur long métrage ? C’est parce qu’il était réalisé par une femme !

Margaret Atwood n’a pas reçu le prix Nobel de littératur­e ? C’est parce qu’elle est une femme !

Mais d’un autre côté, si vous dites que telle femme a été nommée ministre parce que son gouverneme­nt avait promis la parité, on va vous tomber sur la tomate et vous traiter de tous les noms.

On sort la carte femme quand ça nous arrange… mais on la cache quand ça nous dérange.

PAS UNE FILLETTE

Je n’ai pas aimé la chronique de madame Pelletier.

Pas parce qu’elle est une femme. Parce que je trouve que ses arguments ne tiennent pas la route.

Un homme aurait écrit la même chose que j’aurais eu la même réaction.

D’ailleurs, si je critique publiqueme­nt le point de vue de la chroniqueu­se du Devoir, aujourd’hui, c’est parce que je ne la considère pas comme une fillette sensible qu’il faut protéger.

Mais comme une profession­nelle qui est capable d’en prendre.

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CATHERINE DORION

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