C’est quoi, le féminisme ?
Hier, la chroniqueuse du Devoir Francine Pelletier a écrit que si autant de gens ont critiqué la tenue vestimentaire de Catherine Dorion au salon Bleu, c’est parce que la députée de Québec solidaire est une femme. DES PETITS ÊTRES FRAGILES
Des féministes ont sorti le même argument lors de l’affaire Safia Nolin.
Si les gens ont tant critiqué les vêtements que la chanteuse portait lors du Gala de L’ADISQ, c’est parce qu’elle est une femme.
C’est, bien sûr, totalement et complètement faux.
Au fil des ans, on a autant critiqué les cheveux gras de Jean Leloup, les camisoles de Dan Bigras et le tour de taille de Gaétan Barrette que le t-shirt négligé de madame Nolin (qui, par ailleurs, est une excellente chanteuse).
Ce qui m’amène à la question quiz de la semaine : c’est quoi, le féminisme ? J’aimerais qu’on m’explique. Parce que, voyez-vous, j’ai toujours cru que l’idée de base du féminisme était de mettre les femmes sur le même pied d’égalité que les hommes.
Cesser de traiter les femmes comme des petites choses fragiles qui ne sont pas capables de se défendre.
On n’hésite pas à critiquer les hommes ? Eh bien, on n’hésitera pas à critiquer les femmes. C’est aussi ça, l’égalité. Féliciter également, récompenser également et critiquer également. Sans tenir compte de ce que la personne a (ou n’a pas) entre les deux jambes.
Égaux dans le positif comme dans le négatif.
Dans le succès comme dans l’échec.
On n’a pas le droit de critiquer les femmes, maintenant ?
UNE VISION CONDESCENDANTE
Or, le féminisme prôné par madame Pelletier est tout, sauf ça.
C’est l’équivalent idéologique de la galanterie.
On a le droit de féliciter les femmes, mais pas de les critiquer.
Et moi qui pensais que les féministes détestaient le concept de galanterie, qu’elles associaient à une forme de paternalisme et de condescendance !
Décidez-vous, mesdames : on a le droit de vous critiquer ou pas ?
On vous traite comme on traite les hommes ou non ?
Pas drôle, d’être un militant crinqué : vous voyez votre cause partout.
Quelqu’un critique la déclaration d’une ministre ? C’est parce qu’elle est une femme !
Le film Selma, sur la vie de Martin Luther King, n’a pas reçu l’oscar du meilleur long métrage ? C’est parce qu’il était réalisé par une femme !
Margaret Atwood n’a pas reçu le prix Nobel de littérature ? C’est parce qu’elle est une femme !
Mais d’un autre côté, si vous dites que telle femme a été nommée ministre parce que son gouvernement avait promis la parité, on va vous tomber sur la tomate et vous traiter de tous les noms.
On sort la carte femme quand ça nous arrange… mais on la cache quand ça nous dérange.
PAS UNE FILLETTE
Je n’ai pas aimé la chronique de madame Pelletier.
Pas parce qu’elle est une femme. Parce que je trouve que ses arguments ne tiennent pas la route.
Un homme aurait écrit la même chose que j’aurais eu la même réaction.
D’ailleurs, si je critique publiquement le point de vue de la chroniqueuse du Devoir, aujourd’hui, c’est parce que je ne la considère pas comme une fillette sensible qu’il faut protéger.
Mais comme une professionnelle qui est capable d’en prendre.