VIA Rail fait fausse route
C’est à n’y rien comprendre. Comment des administrateurs et des dirigeants de nos sociétés d’état, payés à même nos impôts et nos taxes, peuvent-ils trouver normal d’octroyer de gros contrats publics à des sociétés étrangères qui fabriquent leurs produits à l’étranger, et ce, au détriment des sociétés, fournisseurs et travailleurs d’ici ?
Nul n’est prophète en son pays. Bombardier Transport en est un bel exemple. Le New Jersey Transit (NJT) lui octroie hier un important contrat de trains pouvant atteindre les 3,6 milliards de dollars américains alors que VIA Rail lui fait un pied de nez en octroyant son lucratif contrat d’un milliard $ à la multinationale allemande Siemens.
Ce contrat « fédéral » de VIA Rail porte sur l’achat de 32 rames de trains pour le corridor Québec-windsor, lesquels trains seront fabriqués à l’usine californienne de Siemens.
Quel « aplaventrisme » de la part du gouvernement Trudeau et de son ministre des Transports, Marc Garneau, qui ont refusé d’exiger de VIA Rail un minimum de contenu local dans ledit contrat d’un milliard de dollars !
L’argument des Trudeau et Garneau : en vertu de l’entente de libre-échange avec l’europe, le Canada n’a pas le droit d’imposer un pourcentage de contenu local dans ses appels d’offres publics.
C’est totalement ridicule d’avoir accepté une telle clause quand on sait que des pays comme les États-unis, la Chine, le Japon… exigent un fort pourcentage de contenu local.
TROISIÈME ÉCHEC LOCAL
Pour les employés de Bombardier Transport à La Pocatière, il s’agit d’un troisième gros contrat local qui leur file entre les doigts.
Précédemment, L’AMT (Agence métropolitaine de transport) avait acquis des trains chinois de la China Railway Rolling Stock Corporation.
Et pour son REM, la Caisse de dépôt et placement du Québec a acheté des trains indiens de la multinationale française Alstom au lieu des trains québécois fabriqués à La Pocatière.
Quand Bombardier Transport perd un contrat public local, sachez qu’en plus des employés de l’entreprise québécoise, ce sont également des dizaines de fournisseurs et leurs employés qui écopent au profit des travailleurs étrangers.
Évidemment, Bombardier Transport doit être compétitif dans ses soumissions aux appels d’offres publics.
Mais quand les gouvernements ou leurs sociétés d’état lancent des appels d’offres, il faudrait tenir compte des retombées locales. À qualité égale, entre une entreprise dont les produits fabriqués ici coûtent 10 à 20 % plus cher et une autre qui les importe de l’étranger, le choix devrait porter sur le produit local. Si on tient compte de l’ensemble des retombées d’impôts et de taxes, le produit local devrait en fin de compte coûter moins cher. En plus de contribuer à la survie des entreprises et fournisseurs locaux, et de développer une expertise internationale.
À L’ÉTRANGER
Bombardier Transport a plus de succès à l’extérieur du Canada.
Malheureusement, nos travailleurs en bénéficient relativement peu.
Ce sont les employés des usines étrangères de Bombardier Transport qui profitent des importants contrats que décroche la société à l’étranger.
Exemple, le contrat du New Jersey Transit sera réalisé dans les installations américaines de Bombardier, dont celles de Plattsburgh. Contenu local américain oblige ! Nous, avec VIA Rail, la Caisse et L’AMT, trois sociétés d’état dirigées par des Québécois, on a fait fi du contenu local.
C’est honteux !