Le Journal de Quebec

De fausses infos dans District 31 ?

L’intrigue autour d’une femme séropositi­ve véhiculera­it des erreurs

- SANDRA GODIN

Radio-canada ne donnera pas suite à la demande de rectificat­ion de la Coalition des organismes communauta­ires québécois de lutte contre le Vih/sida, qui accuse District 31 de véhiculer de fausses informatio­ns sur cette maladie.

Depuis la semaine dernière, les personnage­s de Noélie (Catherine St-laurent) et Isabelle (Hélène Bourgeois-leclerc) enquêtent sur une femme séropositi­ve qui aurait eu une dizaine de partenaire­s sexuels à qui elle n’aura pas divulgué qu’elle était porteuse du virus. L’affaire est traitée comme un crime.

L’organisme COCQ-SIDA est choqué par la manière dont a été dépeinte la criminalis­ation de la non-divulgatio­n du VIH, affirmant dans un communiqué que les épisodes de jeudi (6 décembre) et lundi (10 décembre) ont propagé « de l’informatio­n préjudicia­ble et erronée sur certains enjeux de la lutte contre le VIH » auprès d’un million et demi de téléspecta­teurs.

COCQ-SIDA a demandé au producteur et au diffuseur de se rétracter d’ici le 17 décembre, ce qu’a refusé Radio-canada.

« On ne peut exiger d’une émission dramatique, et encore moins de personnage­s de fiction, d’aborder de tels sujets en explorant toutes leurs nuances », a commenté le directeur des communicat­ions, Marc Pichette, dans un courriel envoyé au Journal.

Il a mentionné que l’auteur s’était appuyé sur la jurisprude­nce pour développer son intrigue.

MANQUE DE NUANCES

Lorsqu’elle a entendu le personnage d’isabelle comparer la femme séropositi­ve à une « tueuse en série » dans l’épisode de lundi, l’avocate Léa Pelletier-marcotte, de la COCQ-SIDA, s’est dit qu’il fallait absolument répliquer pour rétablir les faits. « Ce passage nous a fait revenir 20 ans en arrière », a-t-elle estimé.

L’avocate reproche à l’auteur Luc Dionne d’avoir omis de faire des nuances importante­s. Elle a précisé que pour qu’il y ait un geste criminel, il faut que la possibilit­é de transmissi­on soit « réaliste ».

« La Cour suprême dit qu’il n’y aura pas de possibilit­é réaliste de transmissi­on quand une personne aura une charge virale faible ou indétectab­le, et qu’un condom sera utilisé. Ça prend les deux pour ne pas qu’il y ait d’obligation de divulgatio­n. »

Aucun des enquêteurs dans les deux émissions diffusées n’a demandé à l’accusée si elle s’était protégée ou si elle était sous traitement, a dénoncé l’avocate.

Il est aussi question « de manière erronée » de la levée du secret profession­nel par le médecin du personnage. Un médecin a la « permission » et non l’« obligation » de dévoiler si un patient est atteint ou non du VIH.

DÉCEPTION

Léa Pelletier-marcotte est « déçue » de la réponse de Radio-canada. Selon elle, le diffuseur utilise le prétexte de la fiction pour justifier le manque de rigueur de l’auteur.

« Ça va au-delà de ce qui est nécessaire pour les oeuvres de fiction et les besoins dramatique­s. C’est juste une insensibil­ité, un manque de nuances et une négligence complète », a-t-elle martelé.

RÉACTION D’UN COMÉDIEN

Invité au micro de Paul Arcand, Patrice Godin (qui incarne Yanick Dubeau) a réagi. « Dans le lot de textes que Luc écrit, il va peutêtre en échapper une de temps en temps. Est-ce qu’on va tout le temps monter au bâton pour ça ? » s’est-il questionné.

 ?? PHOTO COURTOISIE RADIO-CANADA ?? Les termes employés par Noélie (Catherine St-laurent) seraient erronés, croit la COCQ-SIDA.
PHOTO COURTOISIE RADIO-CANADA Les termes employés par Noélie (Catherine St-laurent) seraient erronés, croit la COCQ-SIDA.

Newspapers in French

Newspapers from Canada