District 31 : la police de la vérité
Dans District 31, une FAUSSE policière dit à une comédienne DÉGUISÉE en policière, à propos d’un personnage qui FAIT SEMBLANT d’avoir le VIH et qui PRÉTEND avoir infecté une dizaine de partenaires : « C’est une tueuse en série ».
Après la diffusion de la série de FICTION, un VRAI organisme de défense des VRAIES personnes ayant VRAIMENT le VIH se plaint : « Vous n’avez pas représenté la VRAIE réalité ». Heu non, en effet.
Une série télé, c’est une histoire sortie de l’imagination d’un auteur qui invente des mots que ses personnages pourraient se dire s’ils existaient. Ah oui, et le sang et les armes dans District 31, ce n’est pas vrai non plus.
RACONTE-MOI UNE HISTOIRE
Vous l’avez vu dans les nouvelles, un organisme de lutte contre le SIDA déplore que dans District 31, les personnes séropositives « ont été présentées comme un danger pour la santé publique ». NON !!!!! La série ne montre pas TOUTES les personnes séropositives. Juste UNE. Qui a choisi, pour se venger, d’infecter le plus de partenaires possible.
Si les organismes, regroupements ou lobbys finissent pas avoir gain de cause, on va se retrouver avec des comités qui reliront les scénarios et souligneront avec un gros crayon rouge tout ce qui leur déplaît/les offense/les blesse/leur fait de la peine. C’est ça qu’on veut ? Hier, à mon émission à Qub, j’ai interviewé Réjean Thomas, de la clinique l’actuel. Il a admis qu’il n’avait pas vu les épisodes en question de District 31.
Mais il avait trouvé choquant que la policière utilise l’expression « tueuse en série » pour désigner la femme séropositive.
« Aujourd’hui, avec la trithérapie, on ne meurt plus du VIH », m’a-t-il dit. Mais comment vous appelez ça, vous, quelqu’un qui se sait porteur du VIH, qui ne se soigne pas et qui couche volontairement avec des partenaires pour se venger de celui qui lui a transmis le virus? Luc Dionneva-t-il recevoir des médecins, avocats, notaires, policiers, journalistes, garagistes, plombiers et entrepreneurs de pompes funèbres la liste des expressions qui sont acceptables aux yeux de leur profession?
LA RÉALITÉ, REVUE ET CORRIGÉE
Dans 2018 revue et corrigée, l’excellente et hilarante revue de fin d’année du Rideau Vert, un sketch m’a particulièrement fait rire.
On y parle de la présence de coyotes dans certains quartiers de Montréal. Le sketch est interrompu par une voix enregistrée qui dit en gros : « Nous tenons à vous informer que le coyote est joué par un comédien. Les coyotes ont été consultés. Et ils sont d’accord. »
Les auteurs doivent tenir compte des accusations d’appropriation culturelle : un Blanc ne peut pas jouer un Autochtone.
Il y a aussi l’homophobie, la transphobie, la queerphobie, la grossophobie, etc. Et le manque de diversité : si la communauté X représente un pourcentage Y de la population, les séries doivent présenter un pourcentage Y de personnages X… même si aucun comédien de la communauté X n’est sorti des écoles de théâtre au cours des huit dernières années.
Une oeuvre de fiction, ça n’est pas un message d’intérêt public du gouvernement.
Peut-on, s’il vous plaît, laisser les VRAIS créateurs créer de FAUX personnages, sans que la police de la Vérité joue à la police ?