Le Journal de Quebec

Réjean Tremblay

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

NEW YORK | Marc Ramsay a hésité avant de répondre. Mais Ramsay est un homme honnête et ce qu’il avait à dire, il le pensait, et surtout, il l’avait déjà dit à David Lemieux pendant l’après-midi : « Ma recommanda­tion, c’est que David fasse le saut chez les 168 livres. Ce n’est pas évident, mais ça se fait. Ça va demander des ajustement­s importants, David va devoir se réinventer comme boxeur, mais ça ne fera qu’une autre montagne à gravir. Nous en avons discuté cet après-midi et il sait où est-ce que je me situe », a-t-il dit en soirée hier à New York.

Mais il y a eu un long cheminemen­t avant d’arriver à cette conclusion que Ramsay n’acceptait pas encore en mai dernier à Québec. Mathieu Boulay vous raconte ce que fut la journée de Ramsay au NYU Tisch Hospital à New York.

Mais ce n’est pas seulement ce séjour à l’hôpital pour réhydrater d’urgence David Lemieux qui a convaincu Ramsay.

UN MYSTÈRE

C’est la troisième fois que Lemieux n’arrive pas à faire le poids à 160 livres. Deux fois lors de ses trois der- niers combats, Lemieux n’a pu réduire son poids pour la limite des poids moyens : « Camille Estephan a fait rencontrer les meilleurs spécialist­es à David Lemieux. Il est allé chez Dexafit à Montréal. On a mesuré scientifiq­uement son taux de gras, sa masse osseuse, sa masse musculaire. On nous a dit que David pouvait parvenir avec une très grande discipline à 160 livres. Nous avons suivi le protocole à la lettre, David a travaillé comme un forcené, il n’a pas triché et jeudi soir, malgré les difficulté­s habituelle­s pour David, on était certains d’atteindre l’objectif. Faut admettre l’évidence. Même en suivant le protocole, son corps pour des raisons que nous ne connaisson­s pas ne réagit pas toujours de la même façon. On réussit une fois sur deux en lui imposant un stress énorme », d’expliquer Ramsay.

168 LIVRES : UN BOULEVERSE­MENT

Ramsay et Lemieux sont conscients de ce que signifie monter chez les 168 livres. Les boxeurs ont souvent deux ou trois pouces de plus, ils ont une plus longue portée et sont capables d’encaisser des coups plus solides.

Le style de Lemieux fondé sur la puissance et la force fait des merveilles chez les 160 livres. Comme le dit Ramsay, l’ancien champion du monde devra adapter sa boxe à une nouvelle réalité. C’est un pensez-y-bien.

Mais comment les grands promoteurs américains et anglais pourraient-ils dorénavant miser des millions de dollars sur un boxeur qui ne peut garantir qu’il fera le poids ? Ou qui prend le chemin de l’hôpital avant d’y arriver. Cela place Camille Estephan dans une situation quasi impossible pour négocier de gros contrats. Le risque sera trop grand.

D’ailleurs, déjà hier, Bernard Hopkins avec une élégance de souliers Patof, accusait David Lemieux de manquer de profession­nalisme. Hopkins en veut à Lemieux depuis sa défaite contre Golovkin et hier, il avait tort. Mais le mal était fait et comme Hopkins, une grande gueule, est une légende dans le milieu de la boxe, ses propos ont été vite repris.

Mais affronter des boxeurs plus lourds, ça se fait. Canelo Alvarez se battait à 154 livres il y a deux ans. Il a battu Guennadi Golovkin à 160 livres à Las Vegas. Et ce soir, il se bat à 168 livres pour le titre mondial WBA des super moyens.

Mais comme l’expliquait Marc Ramsay hier soir, pour gravir les catégories de poids comme le fait Canelo, ça prend le cheval pour le faire.

Gros, grand et beau défi pour David Lemieux si c’est le chemin qu’il choisit.

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PHOTO D’ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈR­E Lors de la pesée du 25 mai au Centre Vidéotron, David Lemieux avait deux livres en trop.
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