Le ministre met de la pression
Le bras de fer se poursuit entre les acteurs du réseau scolaire concernant l’éducation à la sexualité, que des profs menacent de boycotter s’ils sont forcés de l’enseigner, alors que le ministre demande davantage de « souplesse » aux directions d’école.
Le Journal rapportait en début de semaine que l’implantation de l’éducation à la sexualité progresse moins rapidement que prévu à certains endroits, en raison du manque de profs volontaires pour l’enseigner.
Des commissions scolaires affirment qu’elles ne parviendront pas à enseigner les cinq à 15 heures de contenu obligatoire cette année, de la première année du primaire à la fin du secondaire.
Dans une missive transmise au réseau scolaire mercredi, dont Le Journal a obtenu copie, le ministre Jean-françois Roberge rappelle à quel point ces notions sont « primordiales pour nos jeunes ».
Il souligne que les enseignants sont des « acteurs clés » pour le succès de cet enseignement, tout en invitant les dirigeants à « faire preuve de souplesse » et à recourir, au besoin, à des intervenants externes pour y arriver.
« Ce n’est pas obligatoire que le contenu soit dispensé par les enseignants », a précisé le ministre lors d’un entretien avec Le Journal.
BOYCOTTAGE
Or, cette missive a suscité une levée de boucliers dans les rangs de la Fédération autonome de l’enseignement, qui estime que son contenu pourrait empirer la situation.
« On craint que le tordage de bras s’amplifie », affirme sa vice-présidente Nathalie Morel, qui aurait voulu que le ministre écrive « noir sur blanc » que les enseignants ne sont pas obligés d’enseigner ces contenus avec lesquels ils peuvent ne pas être à l’aise.
Vendredi, la FAE a décidé d’inviter ses syndicats locaux à déclencher un boycottage si une commission scolaire voulait imposer l’enseignement de l’éducation à la sexualité à ses membres.
De son côté, la présidente de l’association montréalaise des directions d’établissement scolaire, Hélène Bourdages, dénonce « l’intimidation syndicale » qui règne dans des écoles. « La pression est assez écrasante », affirme-t-elle.
PAS DE BUDGET
À la Commission scolaire de Montréal, la missive du ministre a fait bondir sa présidente, Catherine Harel-bourdon, qui a été « estomaquée ». Il n’est pas « réaliste » selon elle d’avoir davantage recours à des partenaires externes pour l’éducation à la sexualité que les profs ne veulent pas enseigner. « On n’a plus d’argent », lance-t-elle.
Le Journal a contacté cette semaine tous les CIUSSS de la métropole afin de savoir s’ils pouvaient augmenter leur participation dans les écoles, qui a déjà fait l’objet d’une entente avec la CSDM pour certains contenus. Aucun n’a souhaité commenter.
- Avec Dominique Scali