La plus heureuse, c’est elle
Si vous êtes une femme francophone en couple, vous faites partie du groupe qui se dit le plus heureux au Québec, révèle un sondage Léger.
« J’ai l’impression que les femmes regardent plus ce qu’elles ont, alors que les hommes regardent plus ce qu’ils n’ont pas », observe le Dr Serge Marquis, qui a écrit plusieurs livres sur le stress et l’épuisement.
Ce sondage Léger révèle que les Québécois estiment leur bonheur dans la vie en général en moyenne à 74,2 sur 100. Cela est « relativement bon », selon l’auteur du sondage, l’expert en marketing Pierre Côté.
« On ne nage pas dans le bonheur, dit-il, mais en guise de comparaison, les Français ont en moyenne huit et neuf points de moins. »
Mille répondants ont répondu cet automne à 30 questions.
Le questionnaire est d’ailleurs acces- sible sur internet à indicedebonheur. com pour ceux qui veulent faire le test et se comparer à l’indice du bonheur des Québécois.
Pierre Côté interroge les Québécois sur le bonheur depuis une douzaine d’années. C’est d’ailleurs lui qui a conçu l’indice de bonheur des villes du Québec.
C’est la première fois qu’une telle expérience est tentée, précise le président et fondateur de la firme Léger/marketing, Jean-marc Léger.
VIVE LES COUPLES!
Le sondage révèle notamment qu’une forte majorité de Québécois se disent inquiets face à l’avenir ( à lire demain) et que ceux qui travaillent dans des petites entreprises s’estiment plus heureux au boulot ( à lire lundi).
Le sondage indique que les personnes en couple ont un indice de bonheur de 9 points plus élevé que les gens célibataires. Cette donnée correspond à celles obtenues dans d’autres études menées ailleurs dans le monde, selon plusieurs experts interrogés.
Aussi, les femmes scorent légèrement plus haut que les hommes sur l’échelle du bonheur. Cela pourrait s’expliquer par la facilité que beaucoup d’entre elles ont à créer un réseau de soutien et à aller chercher de l’aide dans les moments difficiles, suggère Martin Blais, professeur de sexologie et sociologie à L’UQAM.
FRAGILE AVANCE
Cette différence entre les hommes et les femmes sur l’échelle du bonheur est mince (75,4 contre 73), comme c’est aussi le cas dans l’ensemble Canada, remarque John Helliwell, professeur d’économie à l’université de la Colombie-britannique. Elle est aussi fragile, ajoute-t-il.
Des données canadiennes récentes montrent que les jeunes femmes ont de meilleures notes à l’école et obtiennent plus de diplômes, mais elles n’en sont pas plus heureuses pour autant, indique M. Helliwell. Elles sont aussi plus sujettes à vivre de l’anxiété en lien avec les réseaux sociaux.
D’ailleurs, les femmes et les hommes ont-ils la même définition du bonheur ? se demande le Dr Marquis.
Il soupçonne que les rôles traditionnels influencent encore la satisfaction des gens par rapport à leur vie, c’est-àdire, le cliché de la femme qui se valorise davantage par ses relations sociales et l’homme qui mesure sa réussite à sa carrière, remarque-t-il.
Mais les facteurs qu’on tente d’associer au bonheur doivent être pris avec un gros grain de sel, nuance Lucie Mandeville, chercheuse à la retraite en psychologie positive. Être heureux, c’est être capable d’apprécier ce qu’on a, qu’on soit riche ou pauvre, jeune ou vieux, homme ou femme, en couple ou célibataire, explique-t-elle.
Terminé le stress lié aux enfants, au travail et à la vie quotidienne : passé le cap des 55 ans, les Québécois se disent de plus en plus heureux, révèle l’indice de bonheur Léger. « C’est l’effet du U : au début et à la fin du cycle de vie, les personnes ont tendance à se considérer comme plus heureuses », explique le sociologue Simon Langlois. L’absence de responsabilité et une certaine confiance en la vie expliquent ce phénomène chez les jeunes, indique l’expert qui a mené une vaste enquête sur le bonheur des Québécois. « Fini les obligations familiales et professionnelles, les revenus augmentent en milieu de carrière : ça donne une plus grande marge de manoeuvre. »