Le Journal de Quebec

POUR L’AMOUR DE MONTRÉAL ET DU BASEBALL

Quand on entre dans les grands bureaux de Claridge, l’entreprise de Stephen Bronfman, on est frappé par le nombre et la qualité des oeuvres d’art qui font vivre les murs. Mais l’oeuvre qui attire le regard comme un aimant est une sculpture-collage représe

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

En bas, à gauche, un personnage à chapeau fume tranquille­ment sa pipe courbée en admirant les prouesses de ses joueurs. La pipe est évidemment une Dunhill, la marque prestigieu­se favorite de son propriétai­re et l’homme, c’est Charles Bronfman. Le père de Stephen et le premier propriétai­re des Amours.

Sur l’insistance du photograph­e, Stephen et Mitch Garber, son ami et associé dans l’aventure des Expos, posent devant l’oeuvre d’art.

Mais avec une réserve, il va falloir demander à l’artiste la permission de publier une photo de la sculpture.

Bienvenue dans le monde des autres…

UNE ENFANCE NOURRIE DE BASEBALL

On le sait, Stephen Bronfman est le leader du groupe qui oeuvre depuis quelques années à ramener le baseball majeur à Montréal et au Québec.

C’est vrai pour Bronfman, c’est vrai pour Mitch Garber et c’est tout aussi vrai pour les autres partenaire­s, Stéphan Crétier, Alain Bouchard et Éric Boyko, ce n’est pas la recherche de profits mirobolant­s qui est à la base de la démarche.

Bien sûr, ce sont des hommes d’affaires et l’idée d’un profit honnête vient avec l’investisse­ment. Mais c’est la passion et un amour absolu pour le baseball et pour Montréal qui sont le ressort de tout ce qui se passe.

C’est encore plus vrai pour Stephen Bronfman : « J’ai grandi avec le baseball, c’est dans mon ADN. Complèteme­nt. J’avais six ans et je me rappelle donc de Rusty Staub, de Bob Bailey et de tous les autres qui venaient à la maison pour visiter mon père. Mack Jones appelait mon père “Money” », raconte Stephen en souriant lors d’une entrevue réalisée à la mi-octobre.

C’est toute une enfance et une adolescenc­e qui ont été vécues dans le baseball. Ces souvenirs sont ancrés profondéme­nt et ne demandent qu’à surgir au fil de la conversati­on.

Par exemple, quand il jouait avec Alain Choquette au baseball à Ste-adèle : « Mon idole était Willie Stargell des Pirates de Pittsburgh. Pops était imposant et jouait pour l’adversaire des Expos, mais je l’aimais. Pour dire à quel point mon père avait l’esprit des Expos, j’étais arrivé à la maison avec un chandail affichant le no 8, le numéro de Stargell. Mon père m’a lancé, tout sérieux : “Je ne savais pas que tu étais un si grand partisan de Boots Day !” » Il rit… en se rappelant que Boots Day ne fut pas le plus célèbre no 8 de l’histoire des Expos. Gary Carter n’était pas encore arrivé.

QUATRE ANS SUR LA PASSERELLE

Mitch Garber, c’est une autre histoire. Aujourd’hui, il est président du groupe Ceasar’s et président du conseil d’administra­tion du Cirque du Soleil. Entre autres business tant en Israël, qu’aux États-unis et au Canada.

C’est aussi une vedette populaire puisqu’il a été un des Dragons de la série d’émissions à Radio-canada. Et on ne compte plus ses engagement­s sociaux au Québec et à Montréal.

Pour des raisons familiales, il ne connaîtra pas une enfance aussi dorée que son ami Bronfman. Mais il aura la chance de découvrir et de vivre sa passion pour le baseball grâce à son parrain Cookie Lazarus, célèbre avocat et agent de joueurs de hockey et de baseball. Cookie a toujours aimé la vie et continue de « travailler » dans l’univers des casinos même s’il approche des 80 ans. De toute façon, Cookie Lazarus n’a jamais fait son âge : « C’est Cookie qui m’a permis de connaître des joueurs de baseball comme Ken Singleton, Mike Jorgensen et Tim Foli. Et puis, j’ai eu le bonheur immense d’avoir mon émission de radio avec Mitch Melnyk de 1991 à 1994. Juste de me retrouver avec ma carte de galerie de presse à côté de Serge Touchette a été un privilège. Toutes ces années passées au stade, je me pinçais pour être sûr que je ne rêvais pas », re- prend Garber, le visage éclairé par un large sourire. Mais surtout, il partage avec Stephen Bronfman un amour viscéral pour Montréal.

PARLER DE NOS SUCCÈS

Écouter parler Bronfman et Garber, surtout quand Pierre Boivin ajoute son grain de sel, est un formidable tonique avant de retourner se perdre dans la circulatio­n bouchonnée du centre-ville. Il est évident que de voir la ville du haut d’un édifice aide à mieux saisir l’ensemble de la réalité : « Montréal vit une formidable croissance dans tous les domaines. L’économie est florissant­e, il y a des entreprise­s qui vont bien, des tours à bureaux qui poussent en grand nombre dans la ville, toutes ces entreprise­s, toutes ces tours, ça veut dire des emplois ; en plus, on est en train de reconstrui­re toutes les infrastruc­tures, Montréal est une grande ville que le baseball majeur ne peut ignorer. On dirait qu’il y a une gêne à Montréal de parler de nos succès », de dire Bronfman avec passion. Mitch Gar-

ber soutient le même discours.

Ils ont raison sur ce point. Les hommes d’affaires ne cessent de souligner à quel point Montréal est une ville en croissance économique forte. Et une ville passionnan­te pour la vie culturelle. Pourtant, les gens et les médias ne semblent pas suivre la parade, ne partagent pas cet enthousias­me.

C’est Mitch Garber qui répond à l’objection : « Il ne faut pas en vouloir aux citoyens. Nous sommes des privilégié­s, il faut bien le reconnaîtr­e. Nous pouvons nous libérer en tout temps parce que nous pouvons avoir de l’aide. Des nannies pour les enfants, des secrétaire­s, nous pouvons découvrir facilement la vie culturelle, la vie sportive, les oeuvres caritative­s, la vie mondaine. Mais le travailleu­r qui est déjà parti au travail à 7 heures le matin et qui ne rentrera pas avant le début de la soirée, comment voulez-vous qu’il ait une vue d’ensemble ? Il ne voit pas que les infrastruc­tures seront retapées en 2020-21, il voit qu’il est coincé aujourd’hui dans le trafic », dit-il.

Tant MM. Bronfman que Garber parlent d’une équipe d’étoiles de gens d’affaires à Montréal : « Nous avons une équipe d’étoiles que même Toronto ne peut égaler », soutient M. Bronfman.

Mais on dirait que cette équipe d’étoiles ne franchit pas le mur des médias. Pierre Boivin a une explicatio­n : « Stephen et Mitch sont d’une nouvelle génération. Moi, je suis un peu plus âgé. Je crois que cette pudeur devant le succès est une conséquenc­e de notre éducation. Nous avons connu la Révolution tranquille, mais on a quand même de la misère à célébrer le succès », dit-il.

FERNANDO ET SCHMIDT

C’est dans un sens de partage que Stephen Bronfman parle de l’aventure des nouveaux Expos : « C’est quoi l’indice du bonheur ? Une ville, c’est plein de choses. Mais c’est de la musique, c’est de la culture et c’est aussi du sport. Il faut qu’on puisse offrir si on veut recevoir gens et investisse­ments. On croit dans notre ville et toutes les études très coûteuses que nous avons commandées à des firmes indépendan­tes et crédibles confirment nos impression­s personnell­es. On n’a pas idée. Le baseball majeur dans une ville, c’est aussi un buzz. On a une vie à vivre et on peut aussi avoir du fun. On se rappelle l’excitation en ville quand Mike Schmidt ou Fernando Valenzuela arrivaient pour une série contre les Expos.

Nous progresson­s constammen­t. La mairesse Valérie Plante s’intéresse à notre projet. Nous l’avons informée », ajoute Bronfman. « Et j’ai déjà parlé avec François Legault. C’est un bon homme d’affaires, il réalise ce que le retour du baseball peut donner à la communauté », ajoute Mitch Garber.

(NDLR: M. Bronfman a aussi échangé avec le premier ministre Legault, jeudi, afin de sonder l’intérêt du gouverneme­nt envers le projet du retour du baseball à Montréal.)

« Nous avons le financemen­t, nous allons présenter un projet de stade respectueu­x des fonds publics, nos relations avec le bureau du commissair­e Manfred sont excellente­s. On avance à chaque jour. Parfois, je me permets de rêver un peu. Je visualise quand nous allons procéder au premier lancer protocolai­re pour notre équipe. J’en ai des frissons juste à y penser. Montréal est une belle et bonne ville. C’est bon de vivre ici. Montréal est trop importante pour que le baseball majeur passe à côté », raconte Stephen Bronfman.

L’AVENTURE SE POURSUIT

Il y a encore des réponses à obtenir des propriétai­res des équipes de la MLB. Expansion ou déménageme­nt ? À quel prix ? Du travail à accomplir auprès des gouverneme­nts. Sans doute des amateurs incrédules à convaincre.

Certains doutent de la faisabilit­é du projet. Et il y a Michael Fortier qui planche sur la venue de la NBA à Montréal.

Mais pour l’instant, Stephen Bronfman et ses associés ont de l’avance. Ils sont dans le réel et le concret.

Une chose est assurée. Stephen Bronfman et Mitch Garber peuvent aller parler directemen­t au monde. Il ne s’est pas prononcé une phrase tout en anglais pendant tout le lunch…

Ça aussi, c’est le nouveau Montréal des nouveaux Expos.

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PHOTOS MARTIN ALARIE Mitch Garber et Stephen Bronfman sont animés par cette passion de ramener le baseball à Montréal.

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