CAIRE VEUT «TASSER» LES INCOMPÉTENTS
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« JE PARTAGE L’INDIGNATION DES CITOYENS. JE NE DIS PAS QUE JE PEUX NE RIEN FAIRE. MAIS JE NE PEUX PAS RÉPARER LE PASSÉ » – Éric Caire
Après avoir exigé à répétition une commission d’enquête sur les dérapages informatiques alors qu’il était dans l’opposition, Éric Caire a changé d’idée maintenant qu’il est ministre responsable de ce dossier. Il promet tout de même de faire le grand ménage.
Pas besoin d’enquête publique. Il assure qu’il pourra à lui seul faire la lumière sur le bordel informatique des 15 dernières années, a expliqué le ministre Caire dans le cadre d’une entrevue avec notre Bureau d’enquête.
François Legault lui a donné le titre de ministre de la Transformation numérique avec le mandat explicite de faire le ménage dans la gestion des contrats publics informatiques.
Pendant des années, Éric Caire a répété qu’une commission d’enquête était nécessaire afin de trouver les causes des multiples fiascos informatiques comme le Dossier Santé Québec (DSQ), SAGIR (solutions d’affaires en gestion intégrée des ressources) et RENIR, le projet de radiocommunication d’urgence dont notre Bureau d’enquête révélait un autre dérapage la semaine dernière.
En 2014, François Legault lui-même avait réclamé une commission d’enquête. Maintenant au gouvernement, lui et M. Caire ont changé d’idée.
« J’ai demandé à mes fonctionnaires de me faire des briefings sur chacun de ces dossiers-là. Je veux savoir ce qui s’est passé. Où sont les problèmes et comment on les corrige », a expliqué Caire dans le cadre d’une entrevue avec notre Bureau d’enquête.
« Ce que les Québécois veulent savoir, c’est ce qu’on fait à partir de maintenant pour que ça ne se reproduise plus jamais. Ces questions-là, je vais toutes y répondre », certifie-t-il, signalant qu’il ne « peut pas réparer le passé ».
RENIR, SAGIR, DSQ
Vendredi dernier, notre Bureau d’enquête a révélé que rien ne va plus avec RENIR, un système qui devait être fonctionnel en 2008. Non seulement les coûts vont atteindre le milliard, mais la SQ a aussi suspendu la migration depuis mars.
« Ç’a été mal planifié. Quand des incompétents font de la mauvaise planification, ça donne RENIR, ça donne SAGIR et ça donne le DSQ, a déploré Éric Caire. À court terme, il faut déployer RENIR à 100 %. » Il compte sur un nouveau VP, Guy Rochette, pour y arriver d’ici 2020.
RELATIONS TENDUES
Il avoue que les relations de travail avec ses employés étaient tendues à son arrivée.
Sur les banquettes de l’opposition, Éric Caire ne mâchait pas ses mots à l’endroit des fonctionnaires du Centre de services partagés du Québec (CSPQ), réclamant des congédiements et une « vérification interne ». Il avait promis de faire rouler des têtes au CSPQ. Ce travail, il avait déjà été fait avant l’élection de la CAQ, avoue le ministre. « Je vais rendre hommage à Robert Poëti. Il les a tassés. »
Il aura néanmoins ses fonctionnaires à l’oeil, insiste-t-il. « Si vous répétez deux fois la même erreur, vous allez me trouver sur votre chemin, parce que, là, vous devenez des incompétents. Et, si, à la fin de l’année, vous faites plus d’erreurs que de bons coups, vous êtes des incompétents, a-t-il affirmé de nouveau. Mais, si, à la fin de l’année, vous avez fait plus de bons coups, vous êtes un bon gestionnaire et je vais vous appuyer à 100 %. »