Hausse de la violence à l’école
Les réclamations du personnel scolaire ont augmenté de 25 % en trois ans à la CNESST
Dans les écoles québécoises, le nombre d’enseignants et d’éducateurs indemnisés pour avoir été victimes de gestes de violence – coups, bousculades, morsures ou autres – a augmenté de 25 % depuis trois ans.
Selon les données transmises par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), 519 employés du milieu de l’éducation ont vu leurs réclamations en lien avec des lésions attribuables à de la violence en milieu de travail se faire accepter en 2017, comparativement à 417 en 2015.
Les réclamations proviennent principalement des éducateurs spécialisés, qui interviennent souvent auprès des élèves en difficulté, suivis des enseignants des écoles primaires et secondaires.
Parmi les types de gestes violents les plus courants, on retrouve les coups, dans 44 % des cas (voir encadré).
LA « POINTE DE L’ICEBERG »
Pour les syndicats d’enseignants, ces chiffres ne représentent que la « pointe de l’iceberg ».
Plusieurs profs victimes de violence ne réclament pas d’indemnisation à la CNESST, pour différentes raisons. C’est notamment le cas d’une enseignante en adaptation scolaire de la région de l’estrie, qui s’est déjà fait étrangler par un élève et pour qui la violence physique fait partie du quotidien (voir autre texte).
« C’est inacceptable, cette violence qui augmente. Ça ne fait pas partie de nos jobs », lance Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).
Au fil des ans, les gestes rapportés par les enseignants semblent aussi plus graves. Des profs peuvent recevoir des coups lors d’une intervention auprès d’un jeune en crise, mais il arrive aussi que des élèves frappent délibérément un enseignant, souligne Mme Scalabrini.
À la Fédération autonome de l’enseigne- ment (FAE), on constate aussi une augmentation des cas de violence dans les écoles, mais que les enseignants peuvent désormais avoir davantage recours aux indemnisations de la CNESST.
DAVANTAGE DE SERVICES RÉCLAMÉS
Au cours des dernières années, les membres de la FAE ont été sensibilisés à l’importance de faire cette démarche s’ils doivent s’absenter du travail à la suite d’un incident violent dont ils ont été victimes, plutôt que de bénéficier de l’assurance salaire comme dans le cas de n’importe quel type de congé de maladie régulier.
« Il y a eu une prise de conscience », affirme Sylvain Mallette, président de la FAE.
La solution passe par un ajout de services pour les élèves, selon les syndicats d’enseignants. L’intégration des élèves en difficulté dans les classes ordinaires sans ressources suffisantes a pu contribuer à « alimenter le phénomène », affirme M. Mallette.
« Les commissions scolaires et le ministère de l’éducation sont en partie responsables de ces comportements-là », lance-t-il.