Le Journal de Quebec

Pourriture raciste

- LISE RAVARY lise.ravary@quebecorme­dia.com

La vidéo d’un groupe d’adolescent­s américains, casquettes « Make America great again » vissées sur la tête, qui harcèlent, intimident et insultent Nathan Phillips, un ancien de la tribu d’omaha et vétéran de la guerre du Vietnam qui se trouvait à Washington pour la Marche annuelle des Premières Nations, a fait le tour du globe le week-end dernier.

Tout a commencé quand les jeunes ont entouré quatre hommes noirs, qui prêchaient, bible à la main. Des insultes ont fusé. La tension a monté. Nathan Phillips s’est avancé avec son tambour pour séparer les deux groupes de manière traditionn­elle.

Bientôt, on voit les élèves imiter une danse autochtone, se moquer des chants de Nathan Phillips, tout en scandant « build that wall (construise­z le mur) » et autres « trumpismes ».

Ces étudiants, qui assistaien­t à une manifestat­ion antiavorte­ment (de quoi ils se mêlent, ces garçons ?) étudient à l’école secondaire catholique jésuite Covington, au Kentucky. L’école privée a soulevé la possibilit­é d’expulsions.

PAS MA FAUTE

La mère du principal harceleur, le garçon qui tient tête à Nathan Phillips dans la vidéo, a fait porter le blâme de cette confrontat­ion à des « musulmans noirs » (c’étaient des Hébreux noirs) tout en accusant Nathan Phillips de s’être trop approché de son fils avec son tambour.

Il n’y a pas de meilleur terreau pour le racisme que la famille. Quand l’école ne se substitue pas aux parents pour condamner le racisme, elle condamne des jeunes à passer leur vie à détester d’autres êtres humains sans savoir pourquoi.

En espérant que le prestigieu­x établissem­ent pour garçons fasse son examen de conscience. Permettre à des élèves de porter la casquette présidenti­elle pendant une activité scolaire a été perçu comme une provocatio­n.

Quand je débats des « mérites » du président Trump avec certains de ses supporteur­s québécois, j’explique que sa personnali­té me rebute plus que ses décisions. Je ne suis pas américaine, je n’ai pas voix au chapitre politique, mais je me permets néanmoins de condamner ses mensonges, 7000 en deux ans, son narcissism­e maladif, son ignorance, sa paresse intellectu­elle et sa tolérance pour le racisme.

Permettre à des élèves de porter la casquette présidenti­elle pendant une activité scolaire a été perçu comme une provocatio­n.

L’APRÈS-TRUMP

Un jour, Trump quittera la présidence, bien qu’il jalouse Xi Jinping depuis que ce dernier s’est nommé président à vie de la Chine. Que restera-t-il de son règne? Après l’élection de Justin Trudeau, le nouveau gouverneme­nt canadien a su effacer les traces du passage de Stephen Harper, mais il faudra un temps fou pour réparer les relations internatio­nales et pour retrouver la confiance des alliés des États-unis à qui Trump préfère les autocrates que sont Poutine, Erdogan, Duterte, Al-sissi, Netanyahou et Kim Jong-un.

Il faudra encore plus de temps pour raccommode­r ce qui reste de la fibre morale des États-unis, mais les commentair­es sur les réseaux sociaux ne laissent aucun doute sur la réaction des Américains à l’agression dont a été victime Nathan Phillips. Les gens sont indignés, sauf les supporteur­s de Trump qui crient aux fake news.

Cachez cette pourriture que je ne veux pas voir.

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